Situés au carrefour des disciplines ayant trait à la santé, les soins infirmiers vivent intensément la transformation du système sanitaire engendrée par l’évolution des besoins de la population.
Depuis longtemps conscients de l’importance des soins infirmiers et de la nécessité d’anticiper une pénurie de professionnels, les acteurs de la scène politique et institutionnelle vaudoise coordonnent leurs efforts avec succès dans les domaines suivants:
La pratique infirmière avancée (PIA) est au service de trois axes:
Pionnier dans le domaine, le CHUV a intégré les premières infirmières cliniciennes spécialisées titulaires d’un Master en sciences infirmières dès leur entrée sur le marché local en 2011 et devrait en compter une soixantaine en 2020 avant de stabiliser leur nombre.
Cinq profils-types ont été définis par le Comité de direction du CHUV pour l’exercice de la PIA:
En termes de perspectives, le CHUV s’associe avec les institutions et les milieux associatifs et scientifiques suisses, belges et nord-américains pour évaluer l’impact des rôles de PIA.
Enfin, l’émergence du rôle d’infirmière praticienne (IPS) fait l’objet d’une étude de faisabilité à Lausanne. L’activité de l’IPS consisterait à dispenser des soins directs axés sur la prise en charge infirmière et médicale de problèmes à haute incidence et prévalence et pour lesquels les médecins sont en nombre insuffisant.
La Loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal, art.32) stipule que les prestations de santé doivent être appropriées et économiques, avec une efficacité démontrée selon des méthodes scientifiques. Avec un certain retard sur l’Amérique du nord notamment, les soins infirmiers en Suisse ont initié le virage académique depuis la création de la Fondation pour la recherche en soins (FoReSo) en 1999, berceau de l’Institut universitaire de formation et de recherche en soins lausannois, et l’ouverture à l’Université de Bâle de l’Institut für Pflegewissenschaft en 2000.
Avec l’essor des compétences scientifiques dans notre contexte, tous les éléments sont désormais réunis pour permettre aux soins infirmiers de contribuer pleinement à la triple missions du CHUV - soins, formation, recherche - et mettre ainsi les savoirs au service des patients. L’intégration de la démarche scientifique, si elle permet de développer des réponses nouvelles aux besoins de santé, constitue toutefois une révolution culturelle qui nécessite du temps pour impacter les pratiques à la hauteur des attentes des patients, de leurs proches et de la communauté.
L’accès à des soins de santé de qualité dans un délai raisonnable est un enjeu important pour les bénéficiaires de soins. Les infirmier-e-s peuvent contribuer à favoriser cet accès en endossant des responsabilités habituellement dévolues aux médecins au sein de la première ligne de soins. Au CHUV, la délégation de responsabilité médicale est un processus bien encadré, sur le plan réglementaire et en matière de compétence. Exemples emblématiques:
Parce qu’elles sont compétentes pour évaluer les besoins et planifier les soins, coordonner les intervenants, enseigner et accompagner afin d’aider la personne atteinte dans sa santé à conserver un maximum d’autonomie, les infirmières sont un pilier essentiel du système de santé. Avec leurs surveillances et leur capacité à détecter les changements dans l’état de santé, elles assurent le rôle de filet de sécurité pour les patients. Elles exercent à l’hôpital, à domicile, en réadaptation, en long séjour, dans l’entreprise, à l’école, et dans toutes les circonstances de la santé communautaire.
Si l’arsenal législatif anticipe parfois les évolutions de la société, il lui arrive aussi de devoir être adapté a posteriori. Dans le cas précis, la Loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal) peine encore à reconnaître la part autonome du rôle infirmier pourtant explicitée dans plusieurs lois cantonales et bien présente dans les réalités quotidiennes. Une initiative parlementaire visant à corriger cela a échoué au Parlement en 2016.
En janvier 2017, les milieux professionnels ont lancé une initiative populaireintitulée «Pour des soins infirmiers forts» dont l’objectif est d’inscrire, dans la Constitution suisse, des garanties en matière d’accès à des soins infirmiers suffisants et de qualité.