Ce projet de recherche, qui est le fruit d’une étroite collaboration entre l’Unité de recherche sur la schizophrénie (Prof Kim Do) et la section « Eugène Minkowski » (Dre Alessandra Solida et Prof Philippe Conus), s’adresse principalement aux adolescent-e-s et jeunes adultes présentant un état à haut risque de psychose. Une évaluation multimodale (cf. évaluations cliniques et neurocognitives, analyses sanguines et de fibroblastes, imagerie du cerveau, électroencéphalographie, étude du sommeil) des patient-e-s est réalisée de manière répétée sur une période de trois ans. L’objectif est multiple : identifier des profils de biomarqueurs qui aident à prédire la conversion à la psychose et à détecter de façon précoce la maladie, et contrôler l’efficacité de nouveaux traitements plus adaptés aux difficultés des patient-e-s.
Selon la littérature scientifique, environ un-e patient-e sur trois atteint-e de schizophrénie montre une résistance au traitement antipsychotique classique. L’identification de ces patients, au cours du suivi clinique, est compliquée et l’introduction d’un traitement adéquat est généralement retardée de plusieurs années. Ceci implique, dans la majorité des cas, un pronostic sombre et une perte de fonctionnement à long terme. Notre projet vise la détection de marqueurs biologiques au niveau périphérique (sang) et central (imagerie cérébrale) qui seraient présents au début de la maladie spécifiquement chez les patient-e-s résistant-e-s. La mise en évidence de biomarqueurs précoces de résistance présente un double intérêt : d’un côté, elle permettrait une anticipation du diagnostic de résistance et une prise en charge plus adéquate. De l’autre, elle ouvre la voie à une meilleure compréhension des mécanismes neurobiologiques sous-jacents, ce qui constitue une étape fondamentale dans le développement de nouvelles approches thérapeutiques ciblées.
Plusieurs évidences suggèrent qu’un stress oxydatif et une dérégulation de la balance redox participent à l’émergence de la psychose. Par ailleurs, chez ces patient-e-s, des déficits de filtrage sensoriel pourraient jouer un rôle clé dans la physiopathologie de la psychose. Tout particulièrement en modalité auditive, ces déficits peuvent être étudiés grâce au paradigme P50 en électroencéphalographie (EEG). L’objectif de ce travail consiste à investiguer les liens potentiels entre ces déficits de filtrage sensoriel auditif et des mesures de dérégulation redox chez des patient-e-s qui présentent une psychose débutante.
Ce projet, conduit en collaboration avec le laboratoire de neurosciences cognitives du Prof. Blanke à l'EPFL, s’intéresse à une des facultés essentielles de l’être humain qu'est la prise de conscience de la distinction entre ce qui appartient au monde interne et ce qui fait partie du monde externe. Cette faculté nécessite une bonne intégration de multiples informations sensorielles et peut être perturbée dans certaines conditions induites expérimentalement. La personne peut alors avoir des difficultés à attribuer correctement l'origine de ses actions ou ses pensées et avoir l’impression qu'elles sont influencées par une force extérieure. Il est suggéré que ces défauts d’intégration sont à l’origine de certains symptômes psychotiques, tels que les pensées imposées ou certaines hallucinations acoustico-verbales. L’étude des mécanismes sous-tendant cette intégration permet donc de mieux comprendre ces symptômes et de proposer d’éventuels traitements.
L'imagerie par TEP permet d'explorer le cerveau en utilisant des traceurs ciblant des récepteurs spécifiques de certains neurotransmetteurs. C'est une modalité complémentaire à l'imagerie fonctionnelle et morphologique réalisée par IRM. Dans ce projet, nous évaluons la transmission par glutamate qui semble jouer un rôle important dans différentes maladies psychiques, notamment dans le trouble de la personnalité borderline. Nous cherchons à mesure la densité de récepteurs mGluR5 disponibles dans le cerveau, dans le but de mieux comprendre les phénomènes neurobiologiques sous-jacents en explorant un nouveau biomarqueur potentiel.
L’aripiprazole est un antipsychotique atypique avec un faible potentiel de risque de prise de poids et est donc une des molécules de choix pour le traitement d’un premier épisode psychotique. Elle est métabolisée par deux enzymes, le cytochrome P4502D6 (CYP2D6) et cytochrome P4503A4 (CYP3A4), enzymes avec des activités très variables, sous contrôle génétique. L’objectif est de déterminer l’influence de facteurs cliniques et génétiques sur les taux sanguins de l’aripiprazole. Ce travail pourrait contribuer à une prescription personnalisée.
On sait depuis plusieurs années que de nombreux psychotropes, y compris les antipsychotiques atypiques, peuvent induire des effets secondaires et en particulier un syndrome métabolique. Depuis 2007, les patient-e-s du service sont mis au bénéfice d’un suivi de l’évolution de leur profile métabolique dès l’introduction d’un tel traitement. En parallèle à cette démarche, un projet de recherche financé par le FNS (Prof Chin Eap, requérant principal) sur les déterminants pharmaco-génétiques de l’apparition de ces modifications a été mis sur pied et une cohorte de plus de 2000 patient-e-s suivi-e-s prospectivement à cet égard a été créée. De nombreux articles scientifiques basés sur cette cohorte ont été publiés.