Financement : Fonds national de la recherche (10001C_179292) ; 508'000 CHF.
Durée : 1.10.2018 – 28.2.2022
Equipe de recherche : Singy P (requérant) ; Weber O, Rubli Truchard E, Decosterd I (partenaires) ; Merminod G, Semlali I, Terrier A (chargé/e/s de recherche)
Cette recherche s’inscrit dans un contexte marqué par l’accroissement de la proportion de personnes âgées vivant dans notre société et par une prévalence élevée de maladies et de douleurs chroniques parmi les aîné-e-s. Face à ces éléments, les logiques sanitaires contemporaines favorisent aujourd’hui le maintien à domicile des personnes âgées et leur participation active à la gestion de leurs problèmes de santé. En ce qui concerne les douleurs chroniques, une telle politique sanitaire appelle des pratiques communicationnelles permettant aux aîné-e-s de parler de leurs douleurs et de leur traitement, et à leur entourage – médical et non médical – de leur fournir les soins nécessaires, les informations médicales et psychosociales requises, ainsi qu’un soutien relationnel.
Admis un manque notable de données dans le domaine de la communication autour des douleurs chroniques des aîné-e-s, cette recherche innovante, articulant sciences humaines et sciences médicales, vise trois objectifs : (1) cerner la manière dont les personnes âgées thématisent les douleurs chroniques et leur traitement dans les interactions avec leur réseau personnel de communication, en appréhendant en particulier les blocages communicationnels et leurs implications médicales et relationnelles ; (2) porter au jour les besoins communicationnels non satisfaits identifiés par les personnes âgées; (3) établir, avec l’aide de divers publics, des pistes d’intervention pour améliorer la communication autour de la thématique des douleurs chroniques dans l’entourage des aîné-e-s.
Basée sur une enquête pilote (fondation Leenaards), cette recherhe s’articule en deux phases. Pour investiguer les pratiques et besoins communicationnels des aîné-e-s, près de 50 entretiens compréhensifs avec des personnes âgées de plus de 75 ans, vivant à domicile ou en institution, et souffrant de douleurs chroniques avec ou sans substrat somatique clair, sont conduits et soumis à une analyse thématique/sémantique soutenue par une analyse de discours. Six focus groups et plusieurs entretiens individuels avec diverses populations concernées par les douleurs chroniques des aîné-e-s sont conduits afin de formuler, dans une optique participative, des pistes d’amélioration pratiques prenant en compte le contenu des entretiens compréhensifs.
La portée sociale, pratique et scientifique de l’étude est à envisager dans le contexte d’une certaine discrimination envers les aîné-e-s (âgisme) et d’un manque flagrant de valorisation de la clinique de l’âge avancé. Grâce à des connaissances novatrices concernant les blocages, lacunes et améliorations possibles dans la communication autour des douleurs chroniques des aîné-e-s, l’étude doit permettre aux spécialistes des interactions cliniques d’accorder davantage de place aux enjeux liés à la population d’âge avancé dans leur enseignement. De plus, les résultats doivent fonder des actions de communication publique visant la modification de représentations sociales répandues, tant dans le milieu médical que non-médical, qui inhibent, chez les personnes âgées concernées, l’expression des douleurs chroniques et, par là même, leur prise en charge adéquate (ex. normalité supposée des douleurs à l’âge avancé, idée erronée que des douleurs chroniques justifient un placement forcé en institution).