Avec le projet "CARLA", l’Unité d’hématologie-oncologie pédiatrique du CHUV et le Département d’oncologie CHUV-UNIL de Lausanne, en collaboration avec l’Hôpital pédiatrique de Seattle souhaitent introduire un nouveau type d’immunothérapie par CAR-T Cells pour soigner les enfants atteints de leucémie (avec BCP-ALL) ou lymphome, en rechute après une greffe de cellules souches hématopoïétiques (HSCT), ou dont la maladie résiste au traitement standard de chimiothérapie. Contrairement à d’autres études cliniques, l’objectif, ici, est d’utiliser des CAR anti-C19 humanisés pour améliorer la persistance dans le temps des lymphocytes T-CAR et éviter le risque de récidive.
"Il s’agit certainement de l’approche la plus novatrice de ces dix dernières années dans la lutte contre la leucémie aiguë de l’enfant, car elle a déjà permis de guérir des leucémies très agressives et résistantes aux traitements standards comme la chimiothérapie et la greffe de moelle. L’enjeu est toutefois de contrôler ses effets secondaires à court terme, affiner le traitement pour éviter les rechutes et amener cette approche de plus en plus précocement dans le schéma de traitement des enfants atteints de leucémie lymphoblastique aigue" commente le Dr Francesco Ceppi, médecin associé et responsable de ce projet de recherche.
L’étude a la chance de pouvoir bénéficier des moyens mis à disposition par la plateforme du Département d’oncologie CHUV-UNIL qui a déjà conduit plusieurs études cliniques prometteuses, visant à proposer de nouveaux traitements d’immunothérapie pour soigner certains cancers, chez des patients adultes.
Le développement de l’immunothérapie par CAR-T Cells, un traitement innovateur, constitue une avancée thérapeutique et une nouvelle source d’espoir pour soigner certains types de cancers. Il permet d’utiliser le propre système immunitaire d'une personne pour lutter contre sa tumeur.
Il repose sur la modification génétique des lymphocytes T propres d’un-e patient-e afin que ceux-ci soient en mesure de reconnaître et détruire les cellules cancéreuses. Cette thérapie présente l’avantage de ne pas engendrer les effets secondaires à long terme connus avec les chimiothérapies ou la radiothérapie, et la greffe de moelle, pour les cas plus agressifs.
Le projet a démarré en 2019 avec la rédaction des protocoles de la recherche et la réalisation de trois essais de production de CAR T cells avec des donneurs sains, en collaboration avec l’Hôpital de Seattle. Ces essais ont permis de fournir toutes les données de sécurités nécessaires à Swissmedic et finaliser l’approbation de l’étude par les autorités concernées.
Freinée par la pandémie de COVID-19, la phase I de l’étude clinique débute fin 2022-début 2023. Elle est réalisée sur une période de 24 mois auprès de 12 personnes.
Le but de cette première phase est de valider les effets de la diffusion des cellules CAR-T dans le corps, leur expansion, leur distribution, la rémission de la maladie à long terme et la réaction de l’organisme.
En fonction des résultats de cette première étude, la phase II pourrait être menée sur une cohorte élargie de 30 à 40 enfants et adolescents.
À terme, le but du projet est de pouvoir proposer cette méthode de traitement immunothérapeutique en clinique à tous les enfants qui en auraient besoin, car, comme le précise Pr George Coukos, "si les résultats sont confirmés à plus long terme, cette immunothérapie est susceptible de révolutionner le traitement de ce type de cancer".
Dr Francesco Ceppi, PD
Médecin associé, Unité d’hématologie-oncologie pédiatrie, CHUV
Pr George Coukos
Chef du Département d’oncologie, CHUV-UNIL
Pre Lana Kandalaft
Cheffe de service du Centre des thérapies expérimentales, CHUV-UNIL