Francine et Jacques Stefani ont vécu un événement exceptionnel l’été 2009. Ils se sont retrouvés tous les deux au CHUV, elle pour lui donner un rein, lui pour le recevoir. Reportage.
Francine a 55 ans, Jacques bientôt 60; leur mariage en a 33. L’appartement est à leur image: lumineux. Le temps n’a pas atteint leur complicité, beaucoup teintée d’humour et de rires. Leurs différences ont construit l’équilibre du couple.
Pour sa part, Jacques a dû se battre constamment contre des ennuis de santé. Tout est parti d’une malformation aortique à la naissance. A 47 ans, il a fait un violent infarctus qui a nécessité une transplantation cardiaque intervenue dans les vingt-quatre heures. «J’ai eu beaucoup de chance, commente-t-il. Aujourd’hui, c’est la même chose. Ma femme, deux de mes sœurs et l’une de nos filles, qui ont le même groupe sanguin que moi, ont proposé de me donner un rein. N’en jetez plus, la cour est pleine.»
Le problème des reins est apparu après une greffe cardiaque. Au début 2009, la Dresse Anne Cherpillod, néphrologue, lui communique qu’une greffe de rein sera nécessaire. Mais la liste d’attente est longue. Il peut s’écouler deux à cinq ans avant de pouvoir bénéficier du rein d’une personne décédée. Pendant ce temps, la dialyse est inévitable. «C’etait ma hantise, avoue Jacques. Les dialyses, trois fois par semaine, c’est très contraignant, c’est comme une prison.»
La décision de sa femme a été spontanée. «Jacques avait besoin d’une greffe. J’ai tout de suite pensé à lui offrir un de mes reins. Les contrôles médicaux ont confirmé que c’était possible. Les explications fournies par l’équipe médicale ont conforté ma décision. J’y vais vraiment en toute confiance. J’ai simplement hâte que ce soit derrière nous.» Jacques, lui aussi, part confiant: «J’ai déjà l’expérience d’une greffe cardiaque qui s’est bien passée.»
Avec les proches, les amis, ils n’ont pas fait de la greffe un sujet de conversation. S’ils ont accepté de partager leur expérience, c’est pour informer et favoriser le don d’organes. Dans l'espoir que cela en aidera d'autres à faire le pas du don vivant, que cela incitera aussi les gens à porter sur eux une carte de donneur.