Unité d'hospitalisation
Les patient-e-s accueilli-e-s dans notre unité reçoivent principalement des soins pour les pathologies mentionnées ci-dessous.
Maladies hématologiques
- Leucémie aiguë
La leucémie aiguë est un cancer des cellules de la moelle osseuse qui produit un nombre élevé de globules blancs anormaux, soit des granulocytes (leucémie myéloïde aiguë) ou des lymphocytes (leucémie lymphocytaire aiguë). Le terme "aiguë" signifie que les cellules cancéreuses se reproduisent très rapidement et qu'elles empêchent la production des cellules normales de la moelle osseuse et du sang.
Les principales et souvent premières manifestations de la maladie sont:
- l'anémie, qui est un état de fatigue et d'essoufflement lié au manque de globules rouges,
- la thrombopénie, qui correspond à un déficit de plaquettes avec une tendance accrue à des saignements,
- l'agranulocytose ou la neutropénie, qui correspond à un déficit d'un type particulier de globules blancs, appelés granulocytes ou neutrophiles, entraînant un risque accru d'infections dues à des bactéries et à des champignons.
La leucémie aiguë nécessite un traitement en urgence et très intensif dit d'induction, suivi par un traitement de consolidation, qui se déroule en général sur quelques mois, suivi, pour certaines formes, par un traitement d'entretien pendant des années.
- Leucémie chronique
La leucémie chronique est, comme la forme aiguë, un type de cancer au cours duquel la moelle osseuse produit un nombre excessif de globules blancs, soit des granulocytes (leucémie myéloïde chronique), soit des lymphocytes (leucémie lymphocytaire chronique). Le terme "chronique" signifie que les cellules cancéreuses se multiplient lentement et que la maladie se développe sur de nombreuses années. Cette évolution explique pourquoi les traitements sont très différents de ceux de la leucémie aiguë. Pour certaines formes chroniques, un traitement n'est pas nécessaire d'emblée, pour d'autres, il est peu intensif et se déroule à long terme. Certaines formes de leucémie chronique peuvent se transformer en une leucémie aiguë et nécessitent alors une intensification du traitement.
- Lymphome
Le lymphome est un cancer des lymphocytes, un type de globules blancs, qui se trouvent dans les ganglions lymphatiques, mais aussi dans la rate, le foie, la moelle osseuse et le tube digestif. Deux types principaux de lymphomes sont connus: les lymphomes non-Hodgkiniens, qui sont les plus fréquents et les lymphomes de Hodgkin, plus rares. Une augmentation du volume des ganglions est la manifestation la plus fréquente d'un lymphome. Mais un agrandissement de la rate et du foie, une diminution de la production de cellules sanguines lorsque la moelle osseuse est atteinte, ainsi que des troubles de la fonction intestinale ou d'autres organes/systèmes peuvent aussi survenir.
- Myélome multiple
Le myélome multiple est un cancer qui se développe dans la moelle osseuse à partir de cellules qui produisent des anticorps (plasmocytes). Ses manifestations les plus fréquentes sont: une synthèse d'anticorps anormaux avec un affaiblissement des défenses immunitaires et une diminution de la fonction rénale, une atteinte osseuse avec des fractures pathologiques et une diminution de la production des cellules du sang.
- Chimiothérapie
Une chimiothérapie est un traitement qui vise l'élimination des cellules cancéreuses. Il est basé sur la combinaison de médicaments anti-cancéreux, qui interfèrent avec la multiplication et/ou la fonction des cellules malades. Toutefois, leur action n'est pas toujours sélective et la production, voire le fonctionnement de cellules saines peut également en souffrir. Dans les jours et semaines qui suivent le début du traitement, ceci se traduit par exemple par une pause dans la production des cellules du sang et par conséquent par une anémie et un risque accru d'infections sévères ou d'hémorragies. Une toxicité réversible sur les cellules des muqueuses de la bouche, de la gorge et de l'intestin peut provoquer des ulcères douloureux tout le long du tube digestif, avec, par exemple, des difficultés à avaler et/ou des diarrhées, ou une perte de cheveux. D'autre part, des signes de toxicité tardive sur certains tissus peuvent apparaître des mois, voire des années après la chimiothérapie, par exemple par un affaiblissement de la fonction cardiaque, des difficultés respiratoires, des cancers du sang ou d'autres organes.
- Chimiothérapie intensive avec autogreffe de cellules souches sanguines
Lorsqu'une chimiothérapie est particulièrement intensive, celle-ci est combinée avec une réinfusion de cellules souches sanguines du ou de la patient-e (c'est à dire une autogreffe des cellules responsables de la formation de toutes les cellules normales du sang), afin d'accélérer la reprise de la production de globules rouges, globules blancs et plaquettes. Ceci permet de raccourcir la période pendant laquelle des complications graves peuvent se manifester, par exemple des infections ou des hémorragies.
Maladies infectieuses
Infections survenant chez les patient-e-s en agranulocytose (ou neutropéniques)
- Agranulocytose (ou neutropénie)
Certaines chimiothérapies anticancéreuses entraînent une diminution passagère du nombre de globules blancs (en particulier ceux appelés granulocytes ou neutrophiles, qui sont essentiels pour lutter contre les infections causées par les bactéries et les champignons). Durant les périodes d'agranulocytose (ou neutropénie), les patient-e-s sont donc à risque de développer les infections décrites dans les paragraphes suivants.
- Bactériémies et autres infections bactériennes
Pendant la période d'agranulocytose, les infections bactériennes sont le type d'infection le plus fréquent. Les germes responsables sont, dans la majorité des cas, ceux qui colonisent normalement la cavité orale, le tube digestif et la peau. Le terme de bactériémie indique la présence d'une bactérie dans la circulation sanguine, ce qui peut entraîner un état septique (septicémie ou sepsis), caractérisé par des manifestations comme de la fièvre, une accélération des pulsations et/ou une baisse de la pression artérielle. Des foyers infectieux peuvent également se développer dans tous les organes, par exemple les poumons (pneumonie), les reins (infections urinaires), l'intestin (entérocolite) ou le point d'insertion d'un cathéter veineux.
- Aspergillose pulmonaire
L'aspergillose pulmonaire invasive est une infection des poumons due à un champignon filamenteux (moisissure) appelé Aspergillus, qui généralement entre dans l'organisme humain par les voies respiratoires. Cette complication touche exclusivement les patient-e-s dont les défenses immunitaires sont fortement diminuées de manière prolongée (agranulocytose ou neutropénie pendant plusieurs semaines).
- Candidose
Candida est un champignon de type levure, qui se trouve dans le tractus digestif et sur la peau. Lors de thérapies prolongées par des antibiotiques, qui éliminent la flore bactérienne endogène du tractus digestif, les levures de type Candida peuvent provoquer des infections des muqueuses de la cavité buccale (mucites), de l'oesophage ou du tractus digestif. L'atteinte des muqueuses liée à la chimiothérapie peut aussi faciliter la dissémination des Candida dans le sang et provoquer des atteintes disséminées. La candidose hépato-splénique, une infection touchant le foie et la rate est un exemple typique de dissémination de l'infection. Comme c'est le cas pour l'aspergillose, cette complication survient presque exclusivement chez les patient-e-s avec une agranulocytose (ou neutropénie) prolongée.
- Thérapie anti-infectieuse
Les progrès continus dans le domaine du diagnostic permettant une détection précoce des infections et le développement de traitements très efficaces et bien tolérés ont permis de réduire sensiblement les complications graves des infections dues aux bactéries et aux champignons décrites ci-dessus.
- Prévention des infections
Des mesures d'isolement protecteur sont mises en place afin de prévenir la transmission d’infections par les proches ou les soignant-e-s ou depuis l’environnement pendant la période particulièrement vulnérable de l’agranulocytose (ou neutropénie) chez les patient-e-s hémato-oncologiques. Celles-ci comprennent un séjour en chambre individuelle avec un sas, un système de filtration de l’air avec ventilation en pression positive afin de réduire au minimum l’entrée dans la chambre de pathogènes se trouvant dans l’air, une désinfection systématique des mains et des objets, ainsi que le port d'une blouse, et, dans certaines situations, de gants et de masque. Dans certains cas, ces mesures peuvent être complétées par des prophylaxies médicamenteuses.
L'Unité d'isolement peut également prendre en charge des patients atteints de maladies infectieuses contagieuses, comme p.ex. la tuberculose, les fièvres hémorragiques, la grippe aviaire, le SARS. En plus des traitements anti-infectieux spécifiques à chaque maladie, des mesures d’isolement contagieux visent à prévenir la transmission de ces infections à l’environnement du patient (proches, autres patients, soignants). Celles-ci comprennent un séjour en chambre individuelle avec un sas, un système de filtration de l’air avec ventilation en pression négative afin d’éviter la sortie de la chambre d’air contaminé, une désinfection systématique des mains et des objets, ainsi que le port d'une blouse, de gants et de masque.