Bloquer les anticorps maternels qui s’attaquent aux plaquettes fœtales

Publié par Mean Elise le 27.08.2024
La Dre Maisonneuve, médecin cadre en obstétrique, va coordonner une étude pour tester l’efficacité d’un nouveau traitement qui pourrait révolutionner la prise en charge des femmes enceintes ayant des anticorps dirigés contre les plaquettes du bébé.

La Dre Emeline Maisonneuve vient de signer l’éditorial de la prestigieuse revue du New England Journal of Medicine pour présenter les mécanismes d’action d’un traitement novateur: le nipocalimab. Ce traitement offre de nouvelles perspectives pour prendre en charge les femmes qui, au cours de leur grossesse, développent des anticorps qui traversent le placenta pour aller se fixer sur certaines cellules de leur fœtus avec lesquelles elles ne sont pas compatibles (globules rouges, plaquettes…), entrainant des conséquences parfois catastrophiques.

L’allo-immunisation plaquettaire fœto-maternelle 

Dans cette pathologie appelée « allo-immunisation plaquettaire foeto maternelle », des anticorps maternels dirigés contre les plaquettes du fœtus peuvent traverser le placenta, et induire une destruction de ses plaquettes in utero et/ou juste après la naissance. Ce phénomène est appelé : « Fetal and Neonatal Allo Immune Thrombocytopenia (FNAIT) » et se produit lorsque les plaquettes du bébé ont des caractéristiques que le système immunitaire de la mère considère comme étrangères.
Ce manque de plaquettes peut entrainer une hémorragie cérébrale chez le bébé, voire un décès in utero. Cette pathologie rare survient toutes les 2000 naissances.

Jusqu’à présent, lorsque cette incompatibilité de plaquettes avait déjà entrainé une « FNAIT » lors d’une précédente grossesse, le traitement consistait en des perfusions d'immunoglobulines intraveineuses administrées chaque semaine à la mère. Ces perfusions étaient toutefois contraignantes et associées à de fréquents effets secondaires, tels que les maux de tête.

Fonctionnement et perspectives du nipocalimab

Pendant la grossesse, les anticorps de la mère de type IgG traversent le placenta pour atteindre la circulation sanguine du bébé, grâce à un récepteur spécial appelé FcRn. Ce mécanisme, qui est normalement protecteur pour que le bébé soit protégé contre certaines infections dès la naissance, peut devenir problématique dans certaines maladies. Pour ces situations, bloquer ce récepteur FcRn pourrait aider à prévenir des effets négatifs sur le bébé.

C’est donc en en agissant sur le blocage de ce récepteur que le nipocalimab, un anticorps monoclonal, empêche les anticorps de passer de la mère au fœtus.

Une récente étude menée par une équipe américaine a déjà montré des résultats prometteurs en utilisant le nipocalimab chez des patientes ayant une incompatibilité de rhésus avec leur bébé qui avait mené à des complications graves, lors de précédentes grossesses.

La Dre Maisonneuve souhaite à présent tester et valider l’efficacité de ce traitement pour les cas d’allo-immunisation plaquettaire dans le cadre d’un essai randomisé multicentrique contre placebo qui va prochainement démarrer au CHUV.

Parcours de la Dre Maisonneuve

La Dre Maisonneuve est médecin cadre à la maternité du CHUV. Auparavant, elle était responsable de l’unité clinique anténatale du Centre National de Référence National français en Hémobiologie périnatale. Elle coordonne aussi un groupe d’experts francophones (Belgique, France, Québec, Suisse) sur les thrombopénies fœtales et néonatales d’origine immune et a écrit de nombreux articles sur ce sujet.

 

 

 

 Dernière mise à jour le 29/08/2024 à 12:10