L’urologie désigne la branche de la médecine qui traite des affections des voies urinaires.
Son développement est intimement lié à celui de la chirurgie.
De l’Antiquité au 18e siècle, l'urologie était l’affaire des chirurgiens-barbiers, qui tentaient, avec plus ou moins de succès, de soulager les patients atteints de gravelle, des concrétions calculeuses très douloureuses qui bloquaient soit l’uretère (conduit reliant le rein à la vessie), soit la vessie. L’infection urinaire accompagnait souvent la formation des calculs, dont l’élimination parfois difficile pouvait se transformer en septicémie, voire en insuffisance rénale terminale. Goethe a beaucoup souffert de calculs urinaires, dont il a décrit les accès de crises aiguës avec finesse. La chirurgie de la pierre était grevée d’un taux de complication, voire de mortalité, particulièrement élevé.
L’amélioration des connaissances en anatomie et en physiologie, et surtout l’avènement de l’anesthésie et des mesures antiseptiques à la fin du 19e siècle, ont permis à la spécialité de prendre son essor. Une panoplie complète d’instruments qu’il était possible d’introduire par voie naturelle a été développée, afin d’explorer la vessie et de fragmenter les calculs qui s’y trouvaient emprisonnés.
Ce n’est qu’au début du 20e siècle que l’urologie est devenue, d'abord en France et aux Etats-Unis, une spécialité distincte de la chirurgie. Des interventions majeures comme la néphrectomie (ablation du rein) et la prostatectomie (ablation de la prostate) "à ciel ouvert" dans la chirurgie de l’adénome (tumeur bénigne) de la prostate, ou par voie périnéale pour le cancer de la prostate, remontent à cette époque. Le cathétérisme à rétro des uretères, au moyen d’un cystoscope préalablement introduit dans la vessie, permettait d’explorer la voie urinaire supérieure, mesure très utile dans le diagnostic de la tuberculose rénale, affection particulièrement répandue au début du 20e siècle. Les travaux du professeur Joaquim Albarran, urologue et prix Nobel de médecine, ont contribué de façon majeure au développement de la spécialité et restent encore d’actualité.
L’essor fantastique de la technique au cours du 20e siècle a favorisé l’émergence de l’instrumentation visant à extraire la prostate par voie endoscopique. La qualité des systèmes optiques s'est aussi nettement améliorée.
Ce siècle a également été marqué par le développement des techniques d’imagerie par ultrasons et par la miniaturisation des endoscopes. Cela a permis à l’urologie d’effectuer un travail pionnier dans le domaine de la chirurgie minimale invasive. Il faut aussi mentionner l’avènement du lithotripteur extracorporel en 1982, appareil permettant de fragmenter les calculs à distance, qui a constitué une révolution dans la prise en charge des calculs rénaux et urétéraux. Ce développement se poursuit aujourd’hui avec l’utilisation des systèmes de laparoscopie (technique chirurgicale mini-invasive) et d’assistance chirurgicale robotisée.
Parallèlement à cette évolution, la Société suisse d’urologie a vu le jour en 1945. A l’Hôpital cantonal de Lausanne, le Département d’urologie, tout d’abord rattaché au Service de chirurgie générale en 1966, est devenu un service indépendant en 1983 lors de la mise en service du CHUV.
Outre la prise en charge des affections courantes, l’urologie poursuit son développement dans le domaine de la prise en charge des trois cancers les plus fréquents à partir de 50 ans, qui touchent, par ordre d’importance, la prostate, la vessie et les reins. Pour ce faire, notre service multiplie les collaborations avec les institutions académiques de l’Arc lémanique, l'EPFL, l'Université de Lausanne et l'Institut Ludwig.