Afin de développer de nouveaux traitements, nous explorons diverses stratégies de vaccination et/ou d’immunostimulation dans des modèles murins de cancers uro-génitaux.
Le cancer de la vessie touche principalement les personnes de plus de 50 ans. 70% des cancers de la vessie sont de type non-musculo invasif lors du premier diagnostic, mais les risques de récidive sont importants. À tout moment au cours de sa maladie, le ou la patient-e peut donc développer une récidive cancéreuse ayant un risque de progression plus élevé. Dans ce cas, le ou la patient-e sera traité environ un mois après la résection des tumeurs par une instillation intravésicale hebdomadaire de BCG (Bacille de Calmette et Guérin) durant six semaines. Cette immunothérapie par le BCG semble entraîner dans la vessie le recrutement de divers acteurs de la réponse immunitaire, capables d’agir sur la tumeur. Malheureusement, ce traitement n’est pas toujours efficace et engendre des effets secondaires plus ou moins importants chez une partie des patient-e-s. De plus, nous sommes confrontés à de nombreuses pénuries du traitement BCG. Dans ces conditions, toute nouvelle approche thérapeutique est la bienvenue.
Ainsi, nous étudions des stratégies immuno-thérapeutiques chez des souris qui présentent des tumeurs localisées dans la région uro-génitale (vessie, col de l’utérus). Nous évaluons comment différentes voies de vaccinations peuvent influer sur la régression tumorale locale, ainsi que l’action locale d’immunostimulants seuls ou en combinaison avec la vaccination, de la chimiothérapie ou des régulateurs immunitaires. Enfin, nous étudions l’influence de la flore bactérienne (microbiome) de la vessie et/ou de l’intestin sur la réponse immunitaire anti-tumorale en particulier lors de l’administration de traitements à base de bactéries, comme le BCG.
Nos études précliniques chez l'animal ont démontré qu’un autre vaccin bactérien (Ty21a/Vivotif®), était plus efficace que le BCG pour induire la régression de tumeurs de vessie et augmenter la survie des souris. La Ty21a semble plus sûre que le BCG, car la bactérie ne persiste pas au contraire du BCG. De plus, la Ty21a/Vivotif® est utilisé depuis 30 ans chez des millions d’individus comme vaccin oral contre la fièvre typhoïde avec d’excellents résultats de sécurité.
Récemment, dans une étude clinique de Phase I (NCT03421236), approuvée par la commission d’éthique cantonale et Swissmedic, nous avons tester si la Ty21a/Vivotif®, pourrait remplacer le vaccin BCG utilisé en routine pour le traitement intravésical (1 dose/semaine pendant 6 semaines) du cancer non-musculo invasif de la vessie à haut risque de progression. Nous avons établi que l'instillation intravésicale de Ty21a/Vivotif® était très bien tolérée par les patients et capable d'induire une réponse immunitaire avec un potentiel anti-tumoral.
La valorisation de cette recherche pour le bénéfice des patients, a débuté par le dépôt d’un brevet. La signature d’un accord d’option exclusive entre le CHUV et la compagnie de biotechnologie britannique Prokarium constitue une étape clé vers le développement de ce traitement. Un nouvel essai clinique mené par Prokarium est actuellement en cours aux États-Unis (NCT06181266).
Lucca I, Derré L, Cesson V, Bohner P, Crettenand F, Rodrigues-Dias S, Dartiguenave F, Masnada A, Texeira-Pereira C, Benmerzoug S, Chevalier M, Domingos-Pereira S, Nguyen S, Polak L, Schneider A, Roth B, Jichlinski P, Nardelli-Haefliger D
Eur Urol Open Sci. 2022 Nov;45:55-58
Nguyen S, Chevalier MF, Benmerzoug S, Cesson V, Schneider AK, Rodrigues-Dias SC, Dartiguenave F, Lucca I, Jichlinski P, Roth B, Nardelli-Haefliger D, Derré L
J Immunother Cancer. 2022 Aug;10(8)
Domingos-Pereira S, Galliverti G, Hanahan D, Nardelli-Haefliger D
J Immunother Cancer. 2019 May 6;7(1):122
Domingos-Pereira S, Sathiyanadan K, La Rosa S, Polák L, Chevalier MF, Martel P, Hojeij R, Derré L, Haefliger JA, Jichlinski P, Nardelli-Haefliger D
Cancer Immunol Res. 2019 Apr;7(4):621-629
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