TOC: une unité spécialisée au DP
En Suisse, les troubles obsessionnels compulsifs et apparentés touchent 2 à 3% de la population. Ces situations, souvent chroniques, peuvent s'avérer particulièrement complexes à soigner.
À Nyon, une consultation spécialisée, rattachée au Service de psychiatrie et psychothérapie adulte Ouest (SPPAO), accueille des patientes et patients de toute la Suisse romande. L’Unité de thérapie cognitive et comportementale (CC), c'est son nom, se compose de quatre psychologues spécialisées et désormais d'une infirmière. Elles proposent des prises en charge, des formations et de l'intervision pour les pairs.
Aujourd'hui, pour soigner les TOC, les spécialistes disposent de plusieurs outils thérapeutiques:
- L’EPR (exposition prévention de la réponse) est le traitement de première intention. Il consiste à apprendre aux patient-es à se confronter aux situations anxiogènes, sans s’adonner à leurs rituels. La présence d’une infirmière dans l'équipe permet d’aller plus loin dans cette approche: "Les obsessions et les rituels ne sont pas forcément déclenchés en consultation, d’où l’intérêt de pouvoir aller dans le milieu. L’infirmière peut se rendre au domicile du patient", explique Sigrid Malandain, psychologue responsable de l’Unité de thérapie cognitive et comportementale (CC). Ce traitement donne de bons résultats : dans 60 à 70% des cas, on observe une réponse clinique significative.
- La médication (ISRS) peut être introduite en parallèle, lorsque l'exposition aux situations anxiogènes est perçue comme trop frontale.
La réalité virtuelle est un autre outil disponible dans cette consultation. Grâce à la création d’environnements virtuels adaptés, une exposition progressive aux situations qui déclenchent compulsions et idées obsédantes est possible. Dans le confort du cabinet, et au côté du ou de la thérapeute, le ou patiente peut être confronté au « pire » : des environnements « sales », des oiseaux, des insectes, du vomi, etc.
- La thérapie cognitive et comportementale basée sur les interférences (TCC-BI). Cette thérapie, issue du Canada, est unique en Suisse romande. Plus douce, elle se focalise sur les processus cognitifs, comme l'explique Sigrid Malandain : « Nous travaillons sur les mécanismes mentaux particuliers dans le TOC qui sont à l’origine des compulsions afin que la personne puisse s’en débarrasser ». Pour que davantages de patient-es puissent bénéficier de ce traitement, Sigrid Malandain et son chef de service, le Dr Julien Elowe, proposent des intervisions et des formations aux psychologues du CHUV et aux professionnel-les installé-es.
Enfin, afin de mieux comprendre ces troubles, la consultation CC de Nyon a récemment créé une cohorte de patient-es. Ce projet unique en Suisse romande permet de poser des questions de recherche sur un trouble fréquent, mais pour lequel les spécialistes formés manquent encore.