Publié par Storelli Malika le 18.08.2021
Le groupe de recherche du Prof. Chin B. Eap (Département de psychiatrie, CHUV-UNIL) a publié le 13 août 2021 un article dans la revue scientifique internationale Pharmacopsychiatry. Cette étude a été effectuée chez des patients recevant la quétiapine, un traitement couramment utilisé en psychiatrie et pouvant induire des effets secondaires métaboliques, tels que prise de poids, diabète, hypertension ou dyslipidémie. Elle montre que ces effets indésirables dépendent de la dose journalière et que les patients recevant des doses plus faibles sont ainsi moins à risque de développer des troubles métaboliques. Toutefois, les petites doses de quétiapine comportent tout de même un risque non négligeable. Ainsi, ce travail souligne l’importance de prescrire la dose minimale efficace, tout en mettant en garde contre l’utilisation de faibles doses de quétiapine hors indication. Cette étude rappelle l’importance d’une surveillance étroite des paramètres métaboliques quelle que soit la dose prescrite.
Mme Céline Dubath est pharmacienne et effectue une thèse dans l'Unité de pharmacogénétique et psychopharmacologie clinique du Centre de neurosciences psychiatriques (CNP) du Département de psychiatrie (DP) du CHUV. Elle collabore depuis plusieurs années avec plusieurs services de ce département (Prof. Philippe Conus, Service de psychiatrie générale, Prof. Armin von Gunten, Service universitaire de psychiatrie de l’âge avancé, et Prof. Kerstin von Plessen, Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et adolescent) ainsi qu’avec d’autres centres externes. Elle s’intéresse aux effets indésirables induits par des médicaments couramment utilisés en psychiatrie. En particulier au fort risque de surpoids/obésité et à d’autres signes d’un syndrome métabolique, qui associe typiquement un diabète, une hypertension et une hypercholestérolémie, observés chez les patients souffrant d’une maladie psychiatrique. Cette augmentation du risque de syndrome métabolique est, d’une part liée aux maladies psychiatriques elles-mêmes et à des facteurs environnementaux (alimentation, manque d’activité physique), d’autre part peut être favorisée par le traitement pharmacologique.
Les doses recommandées de quétiapine peuvent induire des effets secondaires significatifs
La quétiapine est un antipsychotique atypique autorisé en suisse pour le traitement de la schizophrénie, des troubles bipolaires et, dans certains cas, comme traitement lors d’une dépression résistante. La dose recommandée varie entre 150 et 800 mg par jour selon l’indication. La prescription hors-indication de la quétiapine à des doses inférieures à 150 mg/j (dès 12.5mg/j) est largement répandue pour les patients souffrant d’anxiété ou de troubles du sommeil. Aux doses recommandées, la quétiapine peut induire une prise pondérale importante et augmente le risque de développer des maladies telles qu’un diabète ou encore des troubles des lipides dans le sang. Aucune étude clinique n’a évalué l’efficacité et la sécurité de la quétiapine prescrite hors indication, et il n’est pas certain que les effets secondaires métaboliques soient moins marqués.
Une étude publiée dans la revue scientifique Pharmacopsychiatry
L’étude, publiée le 13 août 2021 dans la revue Pharmacopsychiatry, a été menée chez des patients traités par quétiapine et dont les paramètres métaboliques ont été mesurés au cours du temps. Elle montre que la prise de poids qui suit l’introduction du traitement est plus forte pour les patients recevant des doses élevées. Par ailleurs, un effet dose-dépendant a aussi été observé sur l’augmentation du cholestérol et des triglycérides dans le sang. En revanche, l’évolution du profil glycémique et de la tension artérielle ne semblaient pas dépendre de la dose, et le risque de développer un syndrome métabolique était similaire chez les patients recevant des doses inférieures à 150 mg par jour (hors indication) et ceux recevant des doses plus élevées.
Ces données soulignent l’importance de choisir la dose minimale efficace lors d’un traitement de quétiapine pour réduire au maximum l’ampleur de la prise de poids et des troubles lipidiques. Ce travail met également en garde sur l’utilisation hors indication de quétiapine, au vu du risque d’effets secondaires significatif même à faible dose. Les approches alternatives devraient être privilégiées et si la quétiapine est tout de même prescrite, un suivi étroit des paramètres métaboliques devrait être mené.
Lire l'article
En savoir plus sur l’Unité de pharmacogénétique et psychopharmacologie clinique
En savoir plus sur l'étude PsyMetab