Dr Julie Delaloye et un patient
«Le rôle du médecin infectiologue est de faire en sorte que la prise en charge du patient se passe le mieux possible, c’est pourquoi nous l’examinons de la tête au pied, pour être attentifs au moindre signe», explique le Dr. Stefano Giulieri, chef de clinique, spécialiste en maladies infectieuses et médecine interne.
La diminution des globules blancs, causée par la chimiothérapie, met le patient à haut risque d’infection. La fièvre est souvent le premier et seul signe d’appel dans cette situation. Les infections sont le plus souvent causées par des bactéries, mais aussi par des champignons ou des virus. En l’absence de défenses naturelles, comme les globules blancs, les bactéries de la flore buccale et digestive du patient peuvent être la source d’infections. Celles-ci peuvent donc apparaître sur la peau, au point d’entrée d’un cathéter, dans la bouche ou tout le long du tractus digestif, ou encore dans les poumons. Dès les premiers signes, des examens microbiologiques sont effectués pour identifier l’agent microbien en cause et le foyer infectieux, afin de débuter immédiatement un traitement antibiotique.
Dans une autre chambre, une patiente de plus de 40 ans s’apprête à rentrer chez elle. Hospitalisée depuis trois semaines, elle a subi une deuxième cure de chimiothérapie et une autogreffe de cellules souches de sa moelle osseuse pour reconstituer son sang. Celle-ci est à présent à nouveau capable de fonctionner et de fabriquer des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes. L’hospitalisation s’est bien passée: les nausées causées par la chimiothérapie ont été efficacement contrôlées par une combinaison de médicaments; un état fébrile, dont la cause n’a pas été identifiée, s’est rapidement résolu sous les antibiotiques; enfin, quelques saignements du nez ont nécessité à deux reprises une transfusion de plaquettes et ne se sont plus répétés pendant le reste du séjour. La patiente sera suivie en ambulatoire par son médecin du Service d’hématologie.
« Ma valise est prête! », lance-t-elle à l’équipe qui vient effectuer les derniers contrôles et donner ses ultimes recommandations pour son retour à la maison. Elle remercie le personnel dont elle a particulièrement apprécié la disponibilité. Elle a également aimé les massages donnés par un infirmier pour améliorer son bien-être durant ce long séjour. Elle sourit, en pensant à son programme de demain: «J’irai chercher mes chats chez mon fils et boire un verre chez mes voisins qui m’ont manqué.»
Dans le secteur sud de l’étage, cinq chambres sont réservées aux malades nécessitant un isolement, afin d’éviter la transmission d’une infection contagieuse. Elles sont le plus souvent occupées par des malades atteints de tuberculose et référés depuis tout le canton. Elles disposent d’un équipement qui protège l’extérieur, d’où le masque que doit porter tout visiteur y pénétrant. Dans l’une d’elles, un jeune homme de 23 ans regarde CNN à la télévision. Il a été hospitalisé à cause d’une fièvre et d'une toux depuis quatre semaines, avec une perte de poids de cinq kg. Le diagnostic de tuberculose a été posé le jour d’admission et un traitement antibiotique a été débuté. Son état s’est rapidement amélioré, il n'a plus de fièvre, ne tousse plus, a retrouvé l’appétit, reprend du poids et dit tolérer parfaitement le traitement. Un examen complet est effectué par l’équipe médicale et des tests microbiologiques seront demandés pour savoir s’il est toujours contagieux: si cela n’est plus le cas, il pourra rapidement regagner son domicile.
La longue durée des séjours et la taille de l’unité font que les relations entre les patients et le personnel médical et infirmier, et entre les collaborateurs eux-mêmes, sont particulièrement étroites et privilégiées. Comme l’explique Mme Annie Savoie, infirmière cheffe de l'unité, l’aspect technique des soins donnés la journée se double «le soir d’un accompagnement, d’un moment consacré au réconfort du patient et de sa famille». La très forte implication du personnel dans l’assistance aux patients, la nature des maladies et des traitements nécessitent une communication et un soutien entre les collaborateurs d’autant plus importants. Mais ces derniers «ont toujours l’espoir que le traitement va marcher et mettent toute leur énergie pour que le séjour se déroule au mieux», conclut le Dr. Stefano Giulieri, chef de clinique.
Sous la responsabilité des médecins du Service des maladies infectieuses, qui s’occupent de la prise en charge médicale, de la prévention et du traitement des complications infectieuses, les patients reçus à l’Unité d’hospitalisation sont aussi étroitement suivis par les médecins du Service d’hématologie, responsables de la prise en charge spécifique de la maladie, en particulier du diagnostic, du choix du type de chimiothérapie et des examens pour évaluer son efficacité.
Les hématologues effectuent deux visites par semaine: la situation de chaque patient est d’abord discutée en détail avec les médecins et le personnel infirmier de l’unité, puis est suivie par une visite commune, ce qui permet de faire le point sur la réponse à la chimiothérapie, ses effets secondaires et les perspectives sur la suite du traitement.
Cette «collaboration unique en Suisse et probablement au monde», soulignent les deux hématologues, le prof. Michel Duchosal, chef de service, et le prof. Olivier Spertini, médecin-chef, «permet de réunir d’emblée les compétences des spécialistes pour la prise en charge de ces maladies et de leurs complications et de coordonner de manière optimale les soins à chaque patient».