La thérapie cellulaire à base de récepteurs antigéniques chimériques (CAR-T) consiste à reprogrammer des lymphocytes pour une activité spécifique. Leur ingénierie est possible grâce à l’insertion de matériel génétique codant pour un récepteur spécifique (chimérique) qui permet de supprimer les lymphocytes B. Cette approche est utilisée comme thérapie innovante en hémato-oncologie : dans ce cadre, le traitement vise l’élimination de toutes les cellules tumorales.
A contrario de l’oncologie, dans le contexte des maladies auto-immunes le but est de supprimer certains clones pathogéniques, ce qui possiblement ne requiert pas le même niveau de sensibilité que pour des traitements oncologiques. En effet, le profil de toxicité de cette thérapie est actuellement difficilement applicable pour le traitement des maladies auto-immunes.
L’objectif est donc de repenser l’approche CAR-T en termes de sécurité et d’efficacité et ainsi l’adapter aux traitements des maladies auto-immunes. L’équipe du Dr Müller va notamment travailler sur le lupus érythémateux, une maladie à laquelle le Service d’immunologie et allergie est régulièrement confronté. En effet, les approches thérapeutiques restent souvent insuffisantes pour guérir de cette maladie au spectre de manifestations très larges et associées à des complications potentiellement sévères.
L’un des objectifs des travaux de recherche du Dr Yannick Müller est de moduler l’activité lymphocytaire en disséquant notamment l’activité de la partie transmembranaire du CAR qui fixe le récepteur à la surface cellulaire. Lors de précédentes recherches menées aux Etats-Unis, le Dr. Yannick Müller a démontré que la partie transmembranaire des récepteurs, que l’on croyait inerte, ne l’est en réalité pas.
Par ailleurs, les travaux de l’équipe de Dr Müller se focalisent sur l’utilisation de la technologie CRISPR-editing (ciseaux moléculaires) comme outil de précision pour la reprogrammation des lymphocytes. En effet, il est maintenant possible de couper par ciseau moléculaire le récepteur naturel des lymphocytes et de le remplacer par un récepteur synthétique de type CD19-CAR. Ceci a l’avantage de contrôler avec précision l’endroit où le matériel génétique est inséré dans le lymphocyte. Le CAR bénéficie ainsi d’un niveau d’expression et d’une régulation comparable à un récepteur lymphocytaire naturel.
Les résultats de ces travaux ouvriront des perspectives à des approches personnalisées et adaptées pour le traitement de maladies auto-immunes.
En savoir plus sur les actualités du laboratoire du Dr Müller, au Centre des laboratoires d’Epalinges, avec son équipe de 6 personnes (1 master, 4 PhD, 1 postdoc)
Décembre 2022