Depuis le mois d’avril 2014, nous ne réalisons plus de mammographie diagnostique dans le service de Radiodiagnostic et radiologie interventionnelle du CHUV.
Cet examen diagnostique a été complètement remplacé par la tomosynthèse du sein (digital breast tomosynthesis / DBT), associée à la reconstruction synthétique d’images mammographiques (generated 2D / C-View).
Les études les plus récentes ont en effet montré que cette façon d’examiner le sein est celle qui apporte le plus d’informations (30% de sensibilité de plus que la mammographie traditionnelle) avec le plus de précision (30% de spécificité de plus que la mammographie traditionnelle) tout en conservant une dose d’irradiation minimale (1 à 1.5 mSv), l’équivalent de 3 à 4 mois d’irradiation naturelle (radon, rayonnement cosmique et rayonnement terrestre associés).
La mammographie traditionnelle se contente de projeter la totalité du volume du sein sur un seul plan (2D). Ceci provoque, malgré la très haute résolution de l’image obtenue, des effets de surprojection pouvant masquer des lésions ou créer de fausses images de pathologie.
La tomosynthèse, par l’acquisition de multiples images à très faible dose permet de séparer les différentes profondeurs du sein et de faire disparaître d’une part les effets de masquage des lésions ou les effets de surprojection. Le sein est comprimé comme pour la mammographie mais le tube à rayons X se déplace en arc de cercle au lieu de rester immobile (cf. schéma).
L’image de projection (2D) reste néanmoins nécessaire, que soit pour avoir une vue d’ensemble du sein ou pour conserver la possibilité de comparer la situation actuelle avec les clichés obtenus précédemment avec les techniques conventionnelles.
Si un cliché traditionnel est réalisé en plus de la tomosynthèse, ce procédé double la dose d’exposition au sein. Ceci n’est pas problématique pour un examen isolé, mais peu s’avérer délétère lorsque les examens sont répétés régulièrement, tel que c’est le cas pour les examens du sein.
C’est pour cette raison que le service de Radiodiagnostic et radiologie interventionnelle du CHUV a décidé d’opter pour la technologie de l’image 2D synthétique dont la fiabilité est la même (voire supérieure dans certains cas) que celle de la mammographie traditionnelle. Les dernières publications scientifiques démontrent qu’il s’agit de la bonne option (Skaane, P., et al. (2014), Zuley, M. L., et al. (2014) ).
L'imagerie du sein est entrée dans une nouvelle ère
Le service de Radiodiagnostic et radiologie interventionnelle du CHUV vous offre d’y entrer également.
Les mammographies de dépistage continuent à être réalisées selon le modèle traditionnel. En effet, à l’échelle d’un programme de dépistage, des études très larges doivent être menées pour démontrer un gain à l’échelle d’une population. De plus, la technologie doit être largement distribuée dans les instituts participants aux programmes de dépistage, et les postes de lecture adaptés à cette nouvelle technologie.
Des programmes de dépistage anciens et très performants, comme celui des Pays-Bas, continuent à travailler avec la mammographie traditionnelle.
Toutefois, lorsque les études d’acceptabilité et de faisabilité seront terminées, il ne fait aucun doute que les programmes de dépistage proposeront la tomosynthèse accompagnée de l’image synthétique 2D pour ce dépistage.
Ce changement devrait survenir dans les 4 à 5 ans, c’est-à-dire vers 2018 à 2019.
Dans l’intervalle, nous nous préparons à ce changement. Au courant du mois de juin 2014, notre appareil de mammographie destiné à la réalisation des mammographies de dépistage subit une évolution majeure avec un changement de détecteur (la partie servant à créer l’image radiologique du sein). Cette modification nous permettra, dès que la tomosynthèse sera acceptée pour le dépistage du cancer du sein, de transformer immédiatement notre machine et de continuer à vous offrir la technologie la plus innovante pour les examens.
La tomosynthèse doit être demandée dans les situations à risque élevé, lors du suivi après un cancer du sein ou pour l’analyse d’une anomalie de la glande mammaire. Il peut s’agir alors d’une modification de la peau, de la palpation d’un nodule ou de la présence de douleurs au niveau du sein. Il peut encore s’agir de la présence d’un écoulement ou d’une sensation de prurit au niveau du mamelon. Pour ces indications, c’est votre médecin traitant qui vous prescrira cet examen.
Cette manoeuvre, qui peut être quelquefois légèrement douloureuse, est indispensable pour obtenir un cliché de qualité permettant un diagnostic performant.
L’ordinateur de l’appareil de tomosynthèse reconstruit les différents plans de coupe du sein, selon un procédé analogue au CT Scanner. De vingt à cinquantes images sont ainsi produites pour chaque incidence. Pour chaque incidence, une image 2D de mammographie synthétisée est également reconstruite.
Le radiologue analyse immédiatement ces séries d’images, en les confrontant le cas échéant avec les examens mammographiques, ultrasonographiques et IRM précédents. Il décide alors si une échographie complémentaire doit être réalisée.
Il voit la patiente immédiatement après avoir analysé les clichés. Il discute avec elle des résultats, en même temps qu’il pratique un examen clinique et réalise aussi l’échographie des seins et des creux axillaires si cela est nécessaire. La conclusion de l’examen est transmise à la patiente à la fin de la consultation. Un compte rendu détaillé est ensuite établi et transmis au médecin traitant avec les images de l’examen.