3 questions au Dr Rami Hajri

Médecin chef de clinique au sein de notre service, le Dr Rami Hajri effectue actuellement une année de perfectionnement au centre Gustave Roussy à Paris, en imagerie mammaire et gynécologique. Un peu plus de six mois après son arrivée dans la capitale française, il nous livre un premier retour d’expérience au détour d’une interview en trois questions.

Dr Rami Hajri, qu’est-ce qui vous a poussé à poursuivre votre formation dans cet établissement en particulier ?

Afin d’apporter une plus-value à ma spécialisation en imagerie de la femme, je recherchais un centre d’expertise en dehors de la Suisse où l’on serait amené à prendre en charge une grande variété de pathologies et de cas complexes. Dans notre service de radiologie au CHUV, nous avons la chance d’avoir d’importantes connexions internationales qui facilitent ce genre de projet de perfectionnement.

Mon choix s’est naturellement porté vers Gustave Roussy, en raison de sa réputation internationale dans le domaine de la sénologie et de sa qualité de 1er centre européen de lutte contre le cancer. C’est un élément qui transparaît assez rapidement lorsque l’on pousse les portes de cet imposant bâtiment à l’atmosphère cosmopolite et dynamique.

« Dans notre service de radiologie au CHUV, nous avons la chance d’avoir d’importantes connexions internationales qui facilitent ce genre de projet de perfectionnement. »

Lors de mon arrivée, j’ai eu la chance d’être rapidement accueilli par les seniors qui composent le service d’imagerie dirigé par la Pre Corinne Balleyguier et d’être vite intégré dans l’équipe. Ce sont des collègues généreux et au bénéfice d’une très grande expérience. Le service de radiologie dispose d’un plateau technique à la pointe, avec notamment pour la sénologie, des mammographes de dernière génération, des appareils d’échographie dotés de logiciels d’intelligence artificielle facilitant l’interprétation des lésions, et un plateau technique d’interventionnel essentiellement pour les biopsies et les repérages pré-opératoires.

Au total, près de 8’000 mammographies et 1’000 IRM mammaires y sont réalisées chaque année, c’était donc l’endroit idéal pour y parfaire ma spécialité. De plus, l’équipe de radiologie de Gustave Roussy fait partie des pionniers dans le développement de l’angiomammographie et ce, depuis bientôt 20 ans. C’est une technique qui permet de voir des lésions invisibles à la mammographie ou à l’échographie, c’est donc très stimulant d’être formé à cette technique en plein essor.

Le Dr Rami Hajri exerce au sein du Service d'imagerie de Gustave Roussy qui est dirigé par la Pre Corinne Balleyguier, ici à gauche sur la photo.

Quelles principales différences avez-vous constatées par rapport au CHUV ?

Pour la pathologie mammaire, il existe un parcours de diagnostic rapide en un jour. Ce circuit permet aux patient-e-s touché-e-s par une anomalie du sein de bénéficier d’un examen clinique, d’être vu-e-s par le médecin radiologue avec une relecture des imageries réalisées à l’extérieur, la réalisation de compléments par une échographie, tomosynthèse ou une angiomammographie ainsi qu’un prélèvement radioguidé. Ensuite, les patient-e-s sont revu-e-s le même jour en consultation pour discuter de la stratégie thérapeutique en fonction des résultats. Lors de ces parcours, on échange beaucoup avec les intervenants des autres spécialités, c’est très enrichissant.

Il existe également des programmes qui ont pour objectif d’identifier au plus tôt les personnes à risque augmenté de cancer afin de leur proposer un suivi personnalisé et de diminuer les risques de cancers graves chez celles-ci. On rencontre donc beaucoup des femmes à haut risque de cancer du sein, notamment en raison de prédispositions génétiques, avec des enjeux délicats. Ces patientes sont suivies de façon rapprochée dès un jeune âge, il faut donc être extrêmement vigilant tout en étant le moins invasif possible afin de ne pas décourager le suivi.

« Ce séjour permet également d’aborder une organisation du travail différente et d’expérimenter de nouveaux dispositifs qui viennent enrichir ma pratique. »

Quel premier bilan tirez-vous de cette expérience ?

Sur le plan clinique, nous rencontrons énormément de cas rares et qui nécessitent des prises en charge complexes, notamment en onco-gynécologie. C’est évidemment très utile pour une pratique hospitalière universitaire. Ce séjour permet également d’aborder une organisation du travail différente et d’expérimenter de nouveaux dispositifs, notamment en sénologie interventionnelle, qui viennent enrichir ma pratique. Sur le plan humain, ce sont surtout de belles rencontres de collègues et de patients.

Merci Dr Rami Hajri pour cet entretien. Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir et de succès pour la suite de votre formation.

 

Propos recueillis par Franco Genovese

Photos: Gustave Roussy

 Dernière mise à jour le 25/04/2024 à 10:25