Le "risque" de perdre à long terme est statistiquement toujours plus important que les "chances" de gagner, pour des raisons structurelles: l'opérateur qui exploite les jeux y veille tout particulièrement, puisque de sa commission dépend la viabilité de son entreprise. Pourtant, retiré de son contexte statistique, le jeu est propre à stimuler chez tout individu des pensées anticipant un gain important, ainsi que des pensées non-rationnelles relatives à la probabilité de gain. A l'extrême, certaines personnes pourront se croire en mesure de développer une stratégie pour "battre le système".
En fonction de telles pensées, certaines personnes vont être amenées à perdre le contrôle, et à réaliser des dépenses considérables. Cette perte de contrôle est difficile à anticiper, dans la mesure où les facteurs de vulnérabilité sont multiples et restent mal connus. Il apparaît donc très important de prévenir les joueurs de ce danger potentiel.
On ne mesure pas la pathologie d'un joueur simplement par le montant d'argent qu'il dépense au jeu. Un individu financièrement à l'aise peut jouer plusieurs milliers de francs par année sans que cela soit un problème pour lui. En fait, les quelque 30 ou 40 francs par mois que joue une personne ayant un faible revenu se révèlent beaucoup plus problématiques.
Le jeu devient pathologique lorsqu'il génère plus de difficultés dans la vie de la personne que de divertissement. Par exemple, s'il accapare l'argent dévolu à d'autres fins ou le temps et l'attention qui devraient, par exemple, être consacrés aux enfants ou conjoint-e. Ou encore, si la personne ne peut s'empêcher ou s'arrêter de jouer. Si elle ne joue pas, elle y pense sans arrêt et se sent irritée, elle n'a plus le goût de rien faire et elle sent qu'il lui manque quelque chose.
Il n'existe pas de cause universelle et unique expliquant le comportement de jeu compulsif. Chaque joueur-euse a ses raisons d'accrocher à ce type d'addiction. On peut dire que la personne essaie ainsi de fuir ou d'exprimer, un besoin ou un malaise intérieur.
Certains joueront parce qu'ils ressentent la nécessité de succès spectaculaires. Cela résulte du besoin tout à fait normal et légitime qu'ils ont de démontrer leur valeur et d'obtenir l'approbation des autres. Cependant, ils auront appris, souvent dans leur famille, qu'on est aimé et estimé des autres pour ce que l'on fait, pour nos succès, plutôt que pour ce que l'on est. De plus, pour ceux qui ont appris qu'il est nécessaire d'être performant (d'avoir du succès matériel) pour attirer l'attention et être reconnu, la persévérance, qui est souvent une valeur familiale importante, peut venir soutenir le comportement de "chasing" (qui consiste à revenir jouer sans cesse, dans le but de regagner l'argent perdu).
D'autres exprimeront, par le comportement de jeu compulsif, de la colère et de la rébellion. De plus, bon nombre de joueur-euse-s cherchent l'acceptation sociale, puisqu'autour d'une table de jeux, tous sont égaux. "Si vous avez l'argent, vous êtes accepté".
De nombreuses personnes jouent de manière excessive dans le but de fuir des émotions douloureuses intolérables. Par exemple, les joueurs dépressifs peuvent ressentir un regain d'énergie. Ensuite, le jeu demande de la concentration, ce qui a pour effet de distraire momentanément l'individu de ses problèmes. De plus, les activités à haut risque de par les sentiments d'excitation qu'elles procurent, combattent le sentiment de vide.
Est-ce que vous
Si vous avez répondu "oui" à au moins une de ces questions, vous avez peut-être un problème de jeu.
Toutes les personnes qui jouent peuvent potentiellement développer un problème de jeu, d'autant plus lorsqu'un événement ou une situation difficile à gérer survient. Celui-ci peut agir comme un "facteur déclenchant". Les signes suivants peuvent révéler un problème de jeu excessif:
Chaque fois que vous misez, fixez une limite que vous pouvez vous permettre et ne la dépassez pas.
Considérez que l'argent dépensé en jouant est le prix que vous payez pour vous divertir.
Ne dépassez pas la somme que vous vous êtes fixée pour jouer en retirant plus d'argent à l'aide de vos cartes bancaires et de crédit.
N'empruntez pas d'argent à votre famille, vos amis ou connaissances pour jouer dans un établissement de jeu.
Prenez fréquemment des pauses.
Demandez de l'aide dès que vous commencez à perdre plus d'argent que vous l'aviez prévu ou que vous pouvez vous le permettre.
Ceci se réalise par un changement progressif de son caractère. Cela peut s'accomplir en ayant confiance et en suivant les concepts de base d'un programme de rétablissement. Il n'y a pas de raccourci pour atteindre cette confiance et cette compréhension. Afin de se rétablir, un effort assidu est exigé.
Il n'existe pas de réponse simple à cette question. Voici quelques-unes des explications les plus souvent invoquées:
Beaucoup de gens aux prises avec ce problème peuvent s'abstenir de jouer pour de grandes périodes de temps. Mais, pris au dépourvu et dans certaines circonstances, ils recommencent à jouer sans se préoccuper des conséquences. La défense sur laquelle ils comptaient, uniquement leur volonté, s'est effondrée devant l'intensité des automatismes de pensée, des comportements et des émotions qui se trouvent réactivés. Seule une anticipation avisée peut permettre de contourner un tel obstacle. La volonté et la connaissance de soi n'aideront pas lors de tels oublis et il faut agir en amont, ou encore en aval, avec dans ce cas des stratégies de limitation des dégâts (par exemple l'implication de proches préalablement informés des efforts entrepris et prêts à contribuer à un plan d'urgence).
Parfois, l'adhésion à des principes spirituels peut contribuer à résoudre ces difficultés. Les joueurs adhérents au modèle des "joueurs anonymes" sont d'avis qu'une croyance en une force supérieure à la nôtre est nécessaire pour soutenir un désir continu d'arrêter de jouer.
Les joueurs excessifs ont souvent des croyances erronées sur la façon dont ils peuvent améliorer leurs chances de gagner. Forts de telles croyances, ils jouent de plus en plus d'argent en espérant récupérer ce qu'ils ont perdu. Voici certaines croyances courantes:
Les joueurs compulsifs sont souvent animés par des pensées superstitieuses et il leur arrive de continuer à jouer parce qu'ils croient que quelque chose va leur porter chance. Par exemple:
Tous ces facteurs peuvent pousser un joueur à continuer de jouer même si cela lui cause des problèmes.
Ce sont:
Il est généralement admis que le joueur pathologique passe par une série de phases stéréotypées:
Selon une recherche effectuée auprès d'adolescents, 76% d'entre eux avaient déjà parié une fois au cours de leur vie, 65% avaient parié dans la dernière année et 24% pariaient au moins une fois par semaine.
Tous les chercheurs concluent à l'extrême précocité de la prise des habitudes de jeu. Des études récentes estiment que l'âge de l'initiation tourne autour de 10 ans. La progression du jeu précoce va de pair avec la croissance de l'offre des différentes loteries et des possibilités de jeu sur internet. Et, plus récemment, la disponibilité des sites internet où il est possible de jouer sans qu'aucune vérification de l'âge du joueur ne soit possible contribue aux risques.
Selon le Professeur Robert Ladouceur de l'Université Laval à Québec, près de deux tiers des joueurs se présentant avec une demande d'aide avaient déjà eu recours à des actes illégaux pour assouvir leur besoin d'argent. On rencontre les délits de menaces, violence conjugale, de fraude, contrefaçon, détournement de fonds et vol (auxquels est lié le délit d'entrée par effraction). De fait, d'autres études ont souligné que bon nombre de joueurs pathologiques, autour de 20%, avaient une procédure pénale en cours lors de leur première consultation, comme une convocation en cour ou une assignation en suspens.
Il est reconnu que les troubles de dépendance au jeu sont souvent associés à une autre forme de dépendance, par exemple une toxicodépendance, des difficultés liées à une consommation excessive d'alcool, des troubles des conduites alimentaires, ou encore d'autres problèmes de santé, appelés co-morbidités. On ne sait pas si l'angoisse du statut de joueur pathologique mène à ces co-morbidités, ou si, sans relation de cause à effet, le joueur présente déjà une personnalité à risque. Le jeu pathologique a aussi été associé à une forte consommation de tabac.
On associe aussi les troubles de l'humeur et les troubles de l'anxiété au jeu excessif. Une étude a démontré que les joueurs pathologiques présentent trois fois plus souvent que les non joueurs les critères diagnostiques de la dépression.
Lorsque le joueur se trouve coincé par les conséquences de son obsession, le suicide peut alors lui apparaître comme la seule "solution". Des chercheurs ont établi que jusqu'à 90% des joueurs pathologiques ont déjà envisagé de s'enlever la vie, et que près de 20% de ceux qui sont en traitement ont commis des tentatives de suicide par le passé.