Le Centre du jeu excessif anime des ateliers sur les risques liés aux jeux d'argent et aux jeux vidéo pour les apprentis de la société BOBST. Une problématique qui capte toute leur attention.
BOBST est un des premiers fournisseurs mondiaux d’équipements et de services destinés aux fabricants d’emballages et d’étiquettes des industries de la boîte pliante, du carton ondulé et des matériaux flexibles. Traditionnellement, la formation des jeunes fait partie du projet de développement de l’entreprise, tant pour sa propre relève que pour sa contribution sociale et pour l’essor de l’industrie en Suisse romande. Ainsi, près de 200 apprentis sont formés chaque année dans le centre de formation qui jouxte son site de production à Mex.
C’est à la suite de la restitution de questionnaires de santé, dans lesquels certains apprentis ont confié leurs habitudes de jeux ou de consommation de substances, que l’entreprise a décidé de prendre contact avec le Centre du jeu excessif (CJE). Depuis 2013, Vanessa Farine, intervenante socio-éducative au CJE, anime en effet un atelier de prévention sur les risques liés aux jeux de hasard et d'argent et aux jeux vidéo, en complément d’un cours donné par Addiction suisse sur les problèmes liés à l’alcool ou aux drogues.
Durant l’atelier, la discussion avec les apprentis suit la même trame, qu’elle porte sur les jeux d’argent ou vidéo: quand est-ce que les jeux deviennent problématiques, voire pathologiques, et quelles en sont les conséquences? Comment les repérer? Quelles sont les motivations des joueurs? Combien de personnes sont touchées, et comment réagir si c’est un proche? De nombreuses questions auxquelles les apprentis répondent volontiers. «Selon nos connaissances, une grande partie des jeunes de moins de 18 ans ont joué au moins une fois à un jeu d’argent au cours de leur adolescence" explique Vanessa Farine. "Beaucoup d’entre eux ont déjà des cartes de fidélité émises par les casinos dans leur poche, ont testé les loteries électroniques dans des cafés ou misé sur des sites en ligne."
Ces ateliers s’adressent également aux formateurs et au service infirmier de l’entreprise. En contact direct avec les apprentis, ils sont les mieux à même de noter un changement de comportement chez ces derniers. «Durant 1h30, nous abordons l’univers du jeu et la problématique de dépendance qui peut en résulter, ainsi que notre rôle dans l’accompagnement des personnes en difficulté, souligne Marion Bellino, infirmière de santé au travail chez BOBST. Si l’un de nos jeunes devait présenter un tel problème, nous pourrions le reconnaître, puis l’écouter sans jugement. Mais surtout, il est indispensable de savoir auprès de quel organisme l’orienter. Du reste, le contexte professionnel peut le freiner à s’ouvrir à nous.»
Chaque session est évaluée par les apprentis eux-mêmes. Leurs retours sont en grande majorité positifs. «Au début de l’atelier, certains jeunes annoncent d’emblée avec fierté qu’ils ont déjà joué au poker" sourit Vanessa Farine. "Mais je vois qu’au fil de la discussion ils s’interrogent sur les jeux et leurs risques. Parfois, un jeune vient me trouver seul en fin de session pour me confier que lui-même ou un membre de sa famille est aux prises avec des difficultés majeures liées aux jeux… Mon but est que les apprentis sachent où s’adresser pour demander des conseils ou de l’aide.»
Convaincu par ces résultats, BOBST entend poursuivre la tenue des ateliers. «Notre souhait est que nos apprentis disposent des outils adéquats pour mener leur formation dans les meilleures conditions, conclut Marion Bellino. Les ateliers de prévention organisés par le CJE ne peuvent que les aider à se prendre en charge, que ce soit au niveau de leur temps, de leur budget ou de leur santé.»