Immersion
Afin de préparer le corps du patient à recevoir ses cellules «boostées» en laboratoire, une chimiothérapie est nécessaire. Elle marque la première étape d’une hospitalisation de plusieurs semaines, pendant lesquelles l’équipe médico-soignante devra être particulièrement attentive à l’état du patient. Pauline Keraron, infirmière clinicienne spécialisée en oncologie, nous livre les détails de cette étape importante.
Les portes du 19e étage du bâtiment hospitalier s’ouvrent sur des locaux lumineux et modernes. C’est ici que le patient a rendez-vous pour la concrétisation de son traitement : une hospitalisation qui dure souvent entre 3 et 4 semaines.
«Ils arrivent très informés, souvent déterminés. Ils sont satisfaits d’en arriver là, car l’étape de screening a été épouvante»
décrit Pauline Keraron.
A l’arrivée, le patient est installé dans sa chambre. Une voie veineuse centrale lui est posée, pour faciliter l’administration des traitements et les prises de sang. Démarre ensuite une chimiothérapie, qui n’a pas pour but de combattre la maladie, mais d’éliminer tous les lymphocytes du corps du patient. En bref, mettre « à plat » ses défenses immunitaires, pour laisser le champ libre aux lymphocytes cultivés en laboratoire qui vont être infusés au patient.
« Nous administrons deux médicaments différents durant cette chimiothérapie, une surveillance étroite est nécessaire. De nombreux effets secondaires peuvent se produire : fatigue, fièvre, troubles digestifs, perte d’appétit… il y a aussi un risque de cystite hémorragique, nous contrôlons les urines régulièrement », détaille l’infirmière.
«Certains patients (notamment ceux atteints d’un mélanome) n’ont jamais vécu de chimiothérapie jusque-là. C’est souvent lourd pour eux malgré une importante préparation psychologique.»
La chimiothérapie dure en général entre 3 et 5 jours et l’équipe médico-soignante mesure le taux de lymphocytes chaque matin pour s’assurer qu’ils baissent comme prévu. S’ensuivent 2 jours de pause, un moment à partir duquel le patient est totalement immunosupprimé. Le patient étant sans défense face aux pathogènes, de nombreuses mesures de protection sont mises en place. Le patient est hospitalisé dans une chambre individuelle spéciale, avec un sas d’entrée et une ventilation à pression positive (qui évite que de l’air externe ne pénètre dans la chambre). Il ne peut pas sortir de sa chambre, doit suivre un régime alimentaire particulier et les visites sont extrêmement limitées.
«Pour l’équipe soignante, c’est le début d’un marathon aux côtés du patient. Une surveillance clinique très rapprochée, un ajustement permanent des médicaments pour soulager les symptômes, tout en accompagnant des émotions fortes. Un diagnostic de cancer amène toujours une grosse remise en question. Il y a un avant et un après.» conclut Pauline Keraron.