Mieux comprendre la récidive après chirurgie dans le cancer du poumon
Le cancer du poumon reste l’un des cancers les plus meurtrier au monde, bien que l’émergence des programmes de dépistage permette aujourd’hui des diagnostics plus précoces. Chez les patient-e-s atteint-e-s d’un cancer du poumon non à petites cellules (NSCLC) de stade précoce, la chirurgie conservatrice* est désormais l’approche standard. Pourtant, à long terme, les facteurs de risque de récidive et les stratégies optimales de gestion restent mal définies.
C’est à ces questions qu’essaie de répondre l’étude menée par le Dr Louis Gros, chef de clinique adjoint au sein du Service d'oncologie médicale du CHUV, en collaboration avec des spécialistes de l'Icahn School of Medicine at Mount Sinai (New York, USA).
Cette étude, portant sur 653 patient-e-s opéré-e-s, révèle que 6,7 % ont connu une récidive, dont la moitié sur la ligne de suture. Ces récidives sont plus fréquentes après des résections sublobaires, un type de chirurgie conservatrice, et lorsque la marge opératoire est inférieure à 1 cm. L’un des résultats clés est que les récidives limitées à la ligne de suture, appelées récidives isolées, sont associées à une meilleure survie que les autres types de récidives.
Les résultats de cette étude, menée sur une large cohorte avec un suivi à long-terme remettent donc en question l’idée que toutes les récidives sont synonymes de mauvais pronostic. En effet, contrairement à d’autres types de récidives, celles confinées à la ligne de suture peuvent être traitées efficacement par chirurgie ou radiothérapie, avec des taux de survie significativement meilleurs.
Sur le plan chirurgical, l’étude met également en évidence le rôle crucial des marges opératoires dans le risque de récidive, soulignant ainsi l’importance d’une décision intra-opératoire précise.
Ces conclusions renforcent la nécessité d’une surveillance post-opératoire rigoureuse et ouvrent des perspectives pour mieux adapter les stratégies thérapeutiques aux patient-e-s présentant une récidive localisée.
*On parle de « chirurgie conservatrice » lorsque la technique opératoire permet de conserver l'organe atteint par le cancer, et de chirurgie radicale lorsqu'elle entraîne le retrait intégral de l'organe dans lequel se trouve la tumeur.