Un traumatisme ou une intubation prolongée peuvent provoquer de graves dégâts au niveau des voies aériennes d’un enfant. Pour y remédier, notre service a mis au point une technique reconnue mondialement.
Australie, Laponie, Argentine, Sénégal, Maroc, Espagne, France ou encore Autriche, notre Unité des voies aériennes reçoit des enfants du monde entier. Grâce à l’expertise du Pr. Philippe Monnier, notre ancien chef de service, elle a en effet acquis une réputation internationale dans le traitement des sténoses (rétrécissements) au niveau du larynx ou de la trachée, par chirurgie et/ou techniques endoscopiques.
La majorité de nos jeunes patients présentent des sténoses cicatricielles sévères sous et au niveau des cordes vocales. Cette complication peut apparaître suite à un traumatisme ou à une intubation prolongée. C’est le larynx qui est touché, un organe extrêmement important puisqu’il permet à la fois de respirer, d’empêcher la nourriture d’atteindre les poumons et d’émettre des sons. Pour permettre à l’enfant de respirer, une trachéotomie (ouverture de la trachée par le cou) s’avère nécessaire, mais celle-ci s’accompagne de nombreuses difficultés au quotidien, dont une surveillance continue par l’entourage pour éviter un risque d’asphyxie si le tube s’obstrue ou se déplace.
Pour remédier à cette situation, notre unité s’est spécialisée dans le traitement de la sténose par la résection (résection crico-trachéale). Introduite chez les enfants à la fin des années 1970 par les Pr. Marcel Savary et Philippe Monnier, et développée par ce dernier, cette technique implique de retirer le segment atteint afin de restituer une voie aérienne d'un bon diamètre. Auparavant, la seule intervention possible consistait en une plastie d’élargissement avec des greffes de
cartilage (reconstruction laryngo-trachéale avec greffe de cartilage). «Mais elle connaissait un taux de réussite de 35% en raison de récidives de la sténose, explique le Pr. Monnier. La résection a tout de suite donné des résultats nettement supérieurs, pour arriver à plus de 90% de succès».
De nombreux enfants et parents ont ainsi exprimé leur reconnaissance d’être libérés des craintes impliquées par la trachéotomie. «Je me souviens particulièrement d’une jeune fille de Mexico qui a été accueillie sur le tarmac de l’aéroport par toutes les personnes qui avaient participé au financement de son voyage, raconte le Pr. Monnier. Elles l’attendaient avec des banderoles, c’était une vraie liesse!» Le spécialiste est encore invité régulièrement dans de nombreux pays pour pratiquer cette intervention et pour l’enseigner. Des séjours sont également organisés dans notre service pour former des chirurgiens étrangers.
Notre unité reçoit également des enfants avec des obstructions des voies respiratoires dues à des malformations congénitales. Celles-ci sont traitées par chirurgie ouverte et/ou par voie endoscopique. Nous prenons en charge également les adultes qui présentent des lésions du larynx à la suite d’intubations prolongées ou d’accidents.
«Au vu du large spectre des pathologies et de leur complexité, nous devons maîtriser toutes les techniques à disposition», précise le Dr. Kishore Sandu, responsable de notre unité. Mais pas seulement. «Chaque cas est unique, poursuit-t-il. De surcroît, les enfants peuvent être prématurés ou avoir des problèmes cardiaques ou pulmonaires en plus du problème au niveau des voies respiratoires. Les médecins cadres doivent ainsi posséder l’expérience qui leur permettra de choisir la meilleure intervention, adaptée à chaque patient.»