Thèse en cours sous la direction de Laurence Monnais, IHM, CHUV-Unil
Faculté de biologie et de médecine, Université de Lausanne
Cette recherche dans le domaine des humanités en médecine et des sciences du vivant s’articule principalement autour de l’introduction des médecines complémentaires dans la société helvétique et à l’intérieur de sa culture médicale. L’objectif de cette recherche est d’éclairer les possibles raisons qui ont permis d’institutionnaliser une pluralité de pratiques thérapeutiques dites « intégratives » ou « complémentaires » en Suisse, et particulièrement les voies par lesquelles cette institutionnalisation s’est accomplie. La Suisse romande est le terrain de recherche privilégié, notamment pour des raisons historiques qui seront explicitées tout au long de la dissertation. Par une perspective interdisciplinaire qui prend en compte les approches historiques, sociologiques et anthropologiques, cette recherche a pour ambition de présenter une histoire de la médecine complémentaire en Suisse depuis les prémices du XXe siècle jusqu’à nos jours. Cette étude observe et analyse l’engouement pour l’utilisation des thérapies psycho-corporelles en milieux hospitalier suisse ainsi que les raisons de leur succès général, c’est-à-dire de leur réussite dans les soins. Cependant, cette recherche n’entre rigoureusement pas dans l’évaluation de l’efficacité des thérapies complémentaires ni dans leur expérimentation de leurs effets sur la santé. Plus spécifiquement, cette thèse vise à développer une meilleure compréhension des facteurs d’intégration ou de rejet des médecines « non conventionnelles » au sein des médecines occidentales en terrain helvétique, plus précisément en Suisse romande. L’accent est mis sur l’observation et l’étude des approches de « Pleine Conscience » connues dans monde anglophone comme Mind-Body Medicine & Interventions. L’usage récurrent de telles approches a permis d’identifier la « yogathérapie » et la « mindfulness » comme méthodologies spécifiques de la Pleine Conscience et éléments porteurs du synergisme et du syncrétisme entre médecine conventionnelle et médecines complémentaires en Suisse. Ainsi, la yogathérapie et la mindfulness ont été sélectionnées d’une part à cause du poids social de leur succès actuel dans les schémas de représentation de la santé et de l’individu, d’autre part en raison de leur célébrité qui parait irrémédiablement liée à l’enthousiasme populaire pour « le yoga »...