CHUV, Institut des humanités en médecine
Historienne de la quantification en médecine
Au début du 19è siècle, Genève est une petite ville de moyenne importance qui a vu se créer cinq sociétés médicales à but scientifique. Pas moins de 15 registres de procès verbaux, conservés au Musée d’Histoire des Sciences de Genève, rendent compte de plus de 1000 séances pour la période 1806-1860. Ces documents donnent accès à un type de discours qui n’est ni celui de la consultation épistolaire ni celui du traité, mais celui d’un groupe de praticiens qui réfléchissent ensemble dans le but d’améliorer la santé des habitants de leur ville et canton. Comment s’y prennent-ils ? Pour quelles raisons adoptent-ils par exemple la vaccination jennérienne? Comment décident-ils de l’utilité d’un nouveau remède ? Comment se convainquent-ils des influences néfastes de conditions de vie misérables sur la longévité ou des bons effets de l’air des montagnes?
Ces procès-verbaux ainsi que les nombreuses publications de praticiens genevois montrent qu’une intense activité de recherche existe à Genève durant la première moitié du 19è. Je m’intéresse aux méthodes utilisées pour mener à bien ces recherches. J’examine en particulier comment se sont diffusées les méthodes quantitatives utilisées en Grande Bretagne et en France. Je mets en évidence le lent processus d’appropriation d’une pensée populationnelle.