Vasiliki Kondylaki

Thèse soutenue sous la direction de David Bouvier, Faculté des lettres, Université de Lausanne & de Vincent Barras, IHM, CHUV-Unil

Faculté des lettres, Université de Lausanne

Résumé

Cette thèse examine le potentiel consolateur de l’Iliade face à la souffrance et à la mort, tant pour les audiences antiques que contemporaines. Elle s’appuie sur le chant VI, où Hélène évoque explicitement la consolation par le chant épique. L’hypothèse centrale est que le poète-compositeur percevait sa performance, entre autres, comme un acte de consolation, influençant ainsi la composition et la réception de l’Iliade dans les performances orales antiques, notamment de l’époque archaïque. Achille, figure ambivalente mêlant violence et souffrance, sert de fil conducteur à l’analyse, articulant récit intradiégétique et dimensions performatives. L’étude mobilise une approche interdisciplinaire alliant philologie, narratologie, sciences cognitives et réception empirique de la littérature, poursuivant ainsi un triple objectif.

Premièrement, elle met en lumière la souffrance d’Achille comme un élément central de la composition. L’analyse de quatre moments clés (chants I, IX, XVIII, XXIV) montre comment son cheminement vers l’acceptation de la mortalité s’entrelace avec la narration de sa propre histoire, lui offrant ainsi un réconfort face à sa condition de mortel. Deuxièmement, cette approche revisite ces mêmes passages de l’Iliade sous un angle performatif. L’analyse des réactions d’un auditoire contemporain, confrontées aux indices textuels et aux données de réception anciennes et modernes, permet d’émettre des hypothèses sur différentes interactions susceptibles d’influencer la réception antique. Ces interactions mettent en jeu vocabulaire homérique, mètre et stratégies narratives. Une attention particulière est portée aux mécanismes d’identification à Achille, qui auraient offert aux auditeurs antiques un réconfort face à la douleur, semblable à celui qu’Achille éprouve lui-même à la fin du poème. Enfin, cette thèse ouvre des perspectives interdisciplinaires en humanités médicales. Elle examine comment l’Iliade, en tant que performance de la souffrance d’Achille, pourrait enrichir la médecine narrative et renforcer sa place dans les curricula médicaux. En intégrant les réactions empiriques d’un auditoire moderne ainsi que la perspective historique qu’offre un poème antique, elle contribue à une réflexion critique sur l’usage de la littérature dans la formation médicale.