Thèse en cours sous la direction du Prof. Vincent Barras, IHM, CHUV-UNIL
Faculté de biologie et de médecine, Université de Lausanne
Plusieurs éléments laissent à penser que les discours médicaux sur les convulsions peuvent constituer un objet de recherche intéressant en lien avec l’histoire de la médecine au XVIIIe siècle. D’abord, les convulsions semblent occuper une place importante dans les écrits médicaux de l’époque. Aux quatre coins de l’Europe, on y consacre des observations, des thèses et, parfois, des traités entiers. Il s’agit d’un sujet en soi, qui transcende différentes catégories de phénomènes et de maladies. C’est là un autre élément intriguant : pourquoi les médecins du XVIIIe éprouvèrent-ils la nécessité de regrouper plusieurs entités à première vue tout à fait diverses sous un même signifiant, « convulsion » ? Ainsi, dans leurs écrits, les convulsions ressemblent parfois à une maladie au sens propre, mais elles se rangent aussi bien parmi les symptômes (par exemple : de l’épilepsie, des passions hystériques et hypocondriaques, de l’infestation des intestins par des vers) ; elles sont un mouvement préternaturel (au-delà du naturel), du simple tremblement jusqu’à la crise convulsive que l’on dirait aujourd’hui « généralisée », tout en se définissant également par l’absence de mouvement, le spasme ou la paralysie ; elles annoncent parfois une mort imminente, sans pour autant nécessairement la causer d’elles-mêmes. Cette apparente hétérogénéité de significations cache sans doute une ou plusieurs clés de lecture qu’il s’agit de déterrer. Avec l’espoir d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur quelques domaines où le XVIIIe siècle n’a peut-être pas encore livré tous ses secrets : l’histoire des savoirs sur le corps nerveux et la longue histoire du lien entre phénomènes convulsifs et interprétation surnaturelle.