Thèse en cours sous la direction de Vincent Barras, IHM
Faculté des Lettres, Université de Lausanne
Objet de recherches dans certains hôpitaux au début des années 1950 sous l’impulsion de quelques « pionniers », la transplantation rénale fait son apparition en Suisse au milieu des années 1960, avant d’être appliquée à d’autres organes, dont le cœur et le foie, dès la fin des années 1980. Caractérisée par des enjeux médico-techniques, éthiques et sociaux, elle fait l’objet d’une organisation et de régulations spécifiques dont la forme la plus récente s’exprime dans la loi fédérale élaborée au début des années 2000. Si les lignes directrices de ce développement sont communément partagées par les pays occidentaux, c’est la dynamique historique propre au contexte médico-scientifique, socio- économique et politique helvétique que cette recherche vise à retracer, en s’attachant à trois niveaux d’analyse.
Il s’agira, dans un premier temps, de s’intéresser aux médecins-transplanteurs eux-mêmes ainsi qu’à leur formation et à la constitution d’équipe dans les hôpitaux durant les deux phases d’émergences des différents types de transplantation, à travers les moyens techniques et les outils discursifs qu'ils ont mis en place pour gérer l’incertitude et contribuer à donner une valeur scientifique à la transplantation.
Dans un deuxième temps, il s’agira de suivre le processus d’intégration de la transplantation dans le paysage sanitaire helvétique, réalisé à l’échelle locale, au sein de chaque établissement, et les nombreux enjeux logistiques, médicaux et institutionnels. L’intérêt sera également porté sur la création par les médecins eux-mêmes d’une structure commune, visant à organiser la transplantation entre les hôpitaux. Si les médecins-transplanteurs partagent un objectif commun qui les conduit à organiser la transplantation entre spécialistes, les intérêts scientifiques qu’ils défendent, propres à chaque spécialité, ainsi que leur affiliation professionnelle, tout comme le contexte politique, constituent autant de facteurs qu’il importera de suivre.
Enfin, dans un troisième temps, il conviendra de s’intéresser à la construction d’une politique sanitaire en matière de transplantation. Si la maîtrise des éléments scientifiques et techniques joue un rôle important dans la reconnaissance médicale et sociale dont bénéficie la transplantation, cette transformation est le résultat d’un travail dont le processus reste largement à retracer. Il importera finalement de suivre l’implication des autorités cantonales et fédérales que concrétise l’élaboration de la loi fédérale de 2004.