Lorsqu’on lui diagnostique une tumeur bénigne proche du nerf auditif en 2008, Maryse Rousseau se voit proposer une intervention par Gamma Knife: cet appareil de dernière génération permet de traiter des lésions du cerveau à l'aide de rayons envoyés avec une extrême précision sur la tumeur, sans endommager les tissus sains environnants, et surtout sans devoir ouvrir le crâne.
Pratiqué sans anesthésie générale, ce procédé permet donc de diminuer les risques de complications habituellement associés à la chirurgie. Le prof. Marc Levivier, chef du Service de neurochirurgie, propose à sa patiente d’attendre jusqu’à l’installation de la machine en 2010, tout en continuant à la suivre régulièrement.
Puis vient le jour du traitement, assuré par l’équipe multidisciplinaire du Centre Gamma Knife: "Allongée dans la machine, je ne sentais rien, raconte Maryse Rousseau, j’écoutais même de la musique, et pourtant, au même instant, des rayons étaient en train de tuer ma tumeur…ça dépasse l'entendement." L'unique désagrément? La pose d'un casque fixé en quatre points sur la tête, l'empêchant de bouger durant la séance.
Après quarante-cinq minutes seulement, le Gamma Knife a définitivement traité la tumeur. Stoppée net, elle ne peut plus se développer. "Les rayons vont agir au niveau moléculaire: les cellules ne se divisent plus et la lésion ne va donc plus progresser, explique le prof. Marc Levivier. Une fois l'intervention terminée, le tissu cicatriciel va remplacer, petit à petit, les cellules vivantes." Le corps de la tumeur, devenue inoffensive, va ainsi rester dans la boite crânienne.
Avec le temps, et dans 50% des cas, la taille de cette masse pourrait se résorber. Cela entraînerait une diminution des effets collatéraux apparus avec la tumeur avant le traitement, tels qu’un acouphène ou des vertiges. Quant à la perte auditive existante, si elle ne peut être récupérée, elle peut par contre être stabilisée. "Le challenge est de conserver l’audition, de maintenir le même niveau que celui précédant l’intervention", poursuit le prof. Marc Levivier, ce qui est le cas aujourd’hui, un an après, pour Maryse Rousseau. Malgré son acouphène et quelques problèmes d'équilibre, elle confie: "Le simple fait de n'avoir aucun dégât collatéral, comme une paralysie faciale, dont j'aurais pu souffrir avec une opération chirurgicale, me réjouit."
Une semaine après l'intervention, elle se sent en pleine forme, comme si on lui avait envoyé "des rayons énergisants". Et pas question de s'interdire les plaisirs de la vie: "Je ne voulais pas renoncer au Paléo. J'avais déjà mon billet!" Participer à de tels événements aurait été impensable il y a encore quelques années, mais le retour rapide à la vie normale est aussi un des bienfaits du Gamma Knife.
Apres une année d'exploitation, le prof. Marc Levivier dresse un bilan réjouissant: "Les résultats obtenus jusqu’ici répondent parfaitement à nos attentes. Si l'observation des résultats sur un plus long terme, entre trois et cinq ans, nous permettra de mener une étude plus approfondie, le bilan est à ce jour très positif." Unique appareil en Suisse, le Gamma Knife a déjà accueilli en février 2016 plus de 1'000 patients.