Un espoir de traitement pour la déficience en transporteur de créatine

Publié par Genovese Franco le 03.07.2024
Une thérapie génique innovante, développée par le groupe du Pr O. Braissant, a augmenté le taux de créatine cérébral chez des rats atteints de déficience en transporteur de créatine, ouvrant la voie à un potentiel traitement pour cette maladie rare.

La déficience en transporteur de créatine SLC6A8 (DTC) est le plus fréquent des syndromes de déficit en créatine, maladies génétiques rares entraînant une carence en créatine dans le cerveau des personnes atteintes. Les principaux symptômes de la DTC incluent une déficience intellectuelle, un retard de langage significatif, des troubles du comportement et des traits autistiques, ainsi que des atteintes locomotrices. Probablement largement sous-diagnostiquée, la DTC serait responsable de 1 à 2 % de tous les cas de retard mental. À ce jour, aucun traitement satisfaisant n’existe pour cette maladie.

Thérapie génique innovante

Dirigé par le Pr Olivier Braissant, le secteur de recherche du Service de chimie clinique développe depuis de nombreuses années différents modèles, in vivo et in vitro, de maladies génétiques du métabolisme (EIM), ainsi que de nouvelles stratégies de traitements autour de la DTC, pour le moment incurable. L’équipe de recherche a récemment fait une percée significative dans ce domaine grâce à une thérapie génique innovante. Cette approche vise à corriger le défaut génétique en faisant se réexprimer le transporteur de créatine SLC6A8 fonctionnel dans les cellules cérébrales, grâce à l’injection d’un vecteur viral spécifique.

Les premiers essais sur un modèle animal, un rat génétiquement modifié qui mime la DTC, ont montré des résultats prometteurs. En effet, la thérapie génique a permis à la fois d’augmenter le taux de créatine dans le cerveau, mais aussi de corriger les altérations locomotrices et comportementales des animaux traités. C’est la première fois que des effets positifs d’une thérapie génique sur un modèle in vivo sont constatés pour cette maladie rare. Ces résultats, récemment publiés dans la revue Molecular Therapy, marquent ainsi une avancée majeure dans le domaine.

Soigner la maladie sur le long terme

Bien que des développements supplémentaires soient nécessaires avant d’envisager des essais cliniques sur des sujets humains, ces résultats ouvrent la voie à des traitements potentiels. « Même si nous devons encore améliorer l’efficacité de notre protocole d’injection afin de maximiser la correction neurologique de la maladie, cette nouvelle approche a le potentiel de soigner la maladie sur le long terme », confirme le Pr Olivier Baissant. Avant d’ajouter qu'« elle pourra être appliquée à de nombreuses autres maladies génétiques affectant le système nerveux. »

Cette avancée est le fruit d’une collaboration pluridisciplinaire entre le Service de chimie clinique (CHUV), le Département des neurosciences cliniques (CHUV), le Centre d’Imagerie Biomédicale (CIBM/EPFL) et le Brain Mind Institute (EPFL). Le projet a bénéficié d’un soutien financier du Fonds national suisse (FNS) et de l’Association for Creatine Deficiencies (ACD).


Auteur-e-s de l’étude

Gabriella Fernandes-Pires (première auteure), Marcelo Duarte Azevedo, Marc Lanzillo, Clothilde Roux-Petronelli, Pierre-Alain Binz, Cristina Cudalbu, Carmen Sandi, Liliane Tenenbaum et Olivier Braissant.

Photo 1: La Dre Gabriella Fernandes-Pires, première auteure de l’étude, et le Pr Olivier Braissant dans le laboratoire de recherche du Service de chimie clinique.

Photo 2: Neurone (cellule de Purkinje ; cervelet de rat) exprimant une protéine fluorescente (GFP, en vert) sous le contrôle, et après injection, du même vecteur viral que celui utilisé pour la thérapie génique contre la DTC. 

 Dernière mise à jour le 05/07/2024 à 16:10