Un nouveau programme informatique permet de mieux dépister l’ostéoporose – maladie silencieuse du squelette qui occasionne une fragilité de l’os. Jusqu’ici les patients étaient soumis à un examen de densitométrie osseuse (DMO), qui permettait de mesurer la quantité d’os. Baptisé Trabecular Bone Score (TBS), ce nouveau procédé consiste à réanalyser les images de la DMO pour étudier la qualité de l’os et sa microarchitecture, élément déterminant de la solidité osseuse.
Maladie du squelette, l’ostéoporose provoque une fragilité de l’os. Elle se caractérise par une diminution de la quantité d’os (densité) et par une détérioration de sa qualité (microarchitecture).
Elle touche une femme sur deux et un homme sur cinq à partir de 50 ans. La maladie dépend de multiples facteurs tels que le tabac, une mauvaise alimentation, la ménopause et l’utilisation de cortisone (pour soigner l’asthme ou les maladies rhumatismales, par ex.).
Selon le Professeur Didier Hans, Professeur associé au Centre des maladies osseuses du CHUV et co-développeur du Trabecular Bone Score: «L’ostéoporose provoque des fractures principalement du poignet, de la colonne vertébrale, de l’épaule ou de la hanche. Dans notre pays, elle cause plus de décès que le cancer du poumon. Il s’agit même de la première raison d’utilisation des lits d’hôpitaux en Suisse». Il ajoute:«Le problème avec cette maladie, c’est son absence de symptômes. Quand les os se brisent, la maladie est déjà bien installée. Il est donc important de développer des méthodes fiables pour la dépister le plus tôt possible!»
L’importance d’un dépistage fiable
Jusqu’en 2010, les patients étaient uniquement soumis à l’examen de densitométrie qui permet de mesurer la quantité d’os.
Lors de cet examen, le patient s’allonge sur une table et une machine mesure par rayons X, ses os de l’avant-bras, des fémurs (os de la cuisse) et des vertèbres lombaires. Une densité osseuse faible constitue un indicateur du risque de fracture accru.
«Cependant, il a été constaté que 30 à 40% des patients avec une fracture typique de l’ostéoporose avaient une quantité d’os suffisante», explique Didier Hans. Il poursuit: «Cette mesure de la densité de l’os, seule, ne suffisait donc pas à poser un diagnostic fiable. Nous avons alors travaillé sur un nouvel outil permettant de donner des informations sur la qualité de l’os et sa microarchitecture afin de réduire significativement le nombre de patients mal diagnostiqués».
Il s’agit d’un logiciel informatique qui s’installe sur le densitomètre. Il permet de ré-analyser les images pour étudier la qualité de l’os et sa microarchitecture.«Plus cette dernière est saine, plus l’os est et sera résistant», précise Didier Hans.
Cet examen, en association avec la densité osseuse et l’analyse des autres facteurs prédisposant à l’ostéoporose, permet de mieux évaluer le risque de fracture pour chaque patient. La mesure du TBS optimise ainsi la prise en charge (personnalisée) de l’ostéoporose.
La technique du TBS a été développée en France, en partie dans le cadre de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), par le Dr Laurent Pothuaud, en collaboration avec le Centre des Maladies Osseuses du CHUV (validation de l’outil grâce à différentes études).
Les avantages de la mesure du TBS pour le patient
La mesure effectuée par le TBS dure quelques secondes. «Le logiciel permet d’optimiser les résultats sans irradier le patient une deuxième fois», explique le Pr. Hans. «Il permet même d’analyser la microarchitecture osseuse d’anciens clichés de densitométrie afin de connaître l’évolution de la maladie par rapport à aujourd’hui», ajoute-t-il.
CHUV première mondiale en routine clinique
Dès 2010, le CHUV a été le premier hôpital du monde à proposer systématiquement cette technique pour détecter le risque d’ostéoporose. Consécration suprême pour l’équipe de Didier Hans: le TBS a été validé en octobre 2012 par le Food and Drug Administration aux Etats-Unis, l’équivalent de Swissmedic.
Développement futur grâce au TBS:
En plus de la routine clinique, le Centre des Maladies Osseuses de Lausanne (CMO) utilise leTBS dans deux études d’envergure. Plus de 2500 femmes sont suivies pendant dix ans (OsteoLaus et OsteoMobile). Par ailleurs, le CMO participe à plus de 60 études à travers le monde impliquant le TBS, dont une qui devrait commencer avec la NASA, prochainement.
Quelques secondes, la durée de l’examen.