Suite à une interpellation déposée en 2020 devant le Grand Conseil vaudois, le Conseil d’Etat avait indiqué que, dans le but de disposer de données épidémiologiques plus complètes, l’Unité de toxicologie et chimie forensiques (UTCF) du CURML allait désormais rechercher systématiquement le GHB à l’aide d’un test de dépistage à partir de l’année 2021.
Pour 2021, 60 échantillons ont ainsi été prélevés dans un contexte d’agression sexuelle, suspicion d’intoxication ou black-out, dont 13 demandes privées d’analyse ciblée sur le GHB émanant de victimes, alors que les autres analyses se font à la demande de médecins ou de magistrats. La consommation de GHB a été mise en évidence dans 1 cas (1,7%), permettant de conclure à une soumission chimique.
Délai problématique de prélèvement
Sur ces 60 échantillons, la moitié a été prélevée dans un délai dépassant 12 heures, soit une marge trop importante pour permettre de confirmer ou exclure une prise de GHB. Ce délai problématique, fréquemment observé en de telles circonstances dans les études à disposition, s’explique en partie par les effets de la substance consommée, qui empêchent la victime d’avoir une réaction appropriée en allant rapidement dans un centre hospitalier ou une antenne médicalisée.
Il n’est pas possible d’estimer le nombre de cas d’intoxication au GHB qui échappent à l’analyse en raison d’un prélèvement trop tardif. Alors que l’étude met en évidence le recours au GHB pour soumission chimique dans au moins un cas, elle montre également que le GHB ne figure pas parmi les substances illicites les plus consommées. Pour les cas d’agressions sexuelles, black-out et soumissions chimiques, la présence d’autres substances agissant sur le système nerveux central a été mis en évidence pour 55% des situations pour lesquelles une recherche large de substances a été effectuée.
Tests suite à une infraction routière
La majorité des tests fait suite à une infraction routière et visait à évaluer la capacité à conduire (633 échantillons sur 815). Les analyses ont détecté du GHB dans 3 cas (0,5%), faisant suite à une consommation festive. 122 échantillons ont été analysés suite à un comportement délictueux qui aurait pu être commis sous l’influence d’une substance. Aucun des prélèvements ne présentait des traces de consommation de GHB. Dans ces deux cas, la très grande majorité des prélèvements a eu lieu dans un délai de moins de 12 heures après l’événement, soit un délai suffisant pour mettre en évidence une consommation de GHB.
Test rapide peu onéreux
L’étude a également permis la validation de l’utilisation d’un test rapide de dépistage peu onéreux, qui, s'il se révèle positif, doit être confirmé par une analyse basée sur la spectométrie de masse pour confirmer la présence de GHB dans l’urine et/ou le sang à des concentrations anormalement élevées. Ce test rapide est dorénavant utilisé systématiquement par l’UTCF en premier recours.
Prise en charge au CHUV des cas avec suspicion de soumission chimique
Le Service des urgences du CHUV a mis en place un protocole spécifique de prise en charge pour les personnes qui craignent d’être victime de soumission chimique, portant de manière large sur plusieurs substances. En cas de suspicion, des recherches de toxiques, notamment de GHB, sont effectuées en prélevant du sang et des urines dans les plus brefs délais. Les échantillons sont transmis à l’UTCF pour conservation et analyse. Le Service des urgences pratique également dans tous les cas un examen général du-de la patient·e et coordonne sa prise en charge avec des spécialistes.
Les échantillons peuvent être prélevés dans un but médico-légal, avec un mandat d’analyse qui provient d’un magistrat. Si les prélèvements sont effectués dans le but d’étayer un diagnostic clinique, il est possible d’effectuer des analyses sans dépôt de plainte, à la demande du médecin en charge du patient. Finalement, l’analyse peut également être effectuée sur demande privée de la victime.
Depuis 2020, le Département de la santé et de l’action sociale a mis en place, pour les victimes d’agression sexuelle, un dispositif commun à cinq hôpitaux régionaux vaudois ainsi qu’au CHUV. Ces personnes sont prises en charge systématiquement par un binôme formé d’un-e gynécologue et d’un-e médecin légiste qui, outre les soins médicaux, établit le constat des lésions et rédige un rapport médico-légal. La victime n’est ainsi plus obligée de se déplacer à nouveau et de répéter le récit du trauma subi si, pour les cas qui ne sont pas poursuivis d’office, elle décide ultérieurement de déposer une plainte pénale.