
Le champ d’application des interventions assistées par animal est désormais défini au niveau institutionnel au CHUV. Début 2023, une équipe pluridisciplinaire s’est fixée pour mission d’introduire des animaux thérapeutiques au CHUV. Ce groupe, en collaboration avec le Centre de médecine intégrative et complémentaire (CEMIC), a développé une procédure cadre de pratique - validée fin 2024 par la Direction médicale et la Direction des soins - qui permet désormais à tout service du CHUV d’implanter ce type de projets de soins et de répondre au vif intérêt suscité par la thérapie assistée par animal (TAA) en milieu hospitalier. Des preuves scientifiques et des expériences probantes dans d’autres établissements, entre autres en Suisse, soutiennent ces pratiques.
Ces thérapies d’un nouveau genre offrent des perspectives prometteuses pour des personnes, jeunes et moins jeunes, parfois très atteintes dans leur santé. Actuellement au CHUV, plusieurs projets intégrant la présence d’un animal sont mis en œuvre ou en préparation, notamment en neuro-réhabilitation et dans différents secteurs de psychiatrie.
Un « dog-teur » pour renforcer l’adhésion aux soins
Au cours du processus de soin, il arrive que les patients et patientes n’arrivent pas ou plus à s’investir dans leurs séances de thérapie ou même à venir aux consultations. La longueur des traitements, la baisse de motivation, la fatigue, l’anxiété ou encore la douleur peuvent freiner l’adhésion aux soins ainsi que la guérison.
Les patients et patientes hospitalisés avec un besoin de réhabilitation sont souvent confrontés à ces obstacles. Un projet pilote, soutenu par la Fondation CHUV, a ainsi été mis sur pied par un groupe de travail pluridisciplinaire mené par le Dr Julien Bally, médecin adjoint au Service de neurologie. Durant cette phase, une infirmière certifiée en thérapie assistée par animal a accompagné, avec son chien Cookie, des séances de physiothérapie et ergothérapie au sein du Service universitaire de neuro réhabilitation (SUN).
Regain de motivation et amélioration de l’humeur
La littérature scientifique montre en effet que la présence d’un animal aux côtés du ou de la thérapeute améliore l’efficacité des traitements conventionnels comme la physiothérapie, notamment. Les bénéfices portent à la fois sur la motivation et le plaisir à participer aux séances, mais pas seulement. « Sur le plan moteur, les interactions (jeu de balle, brossage, etc.) avec le chien offrent une possibilité de réaliser, de manière ludique, des exercices spécifiques pour entraîner la motricité, la coordination et l’équilibre ; notamment sur le plan cognitif, elles stimulent la verbalisation et renforcent la mémoire, l’attention et la concentration », relève le Dr Julien Bally.
Ce projet pilote au SUN a rencontré un vif succès auprès des patients et patientes, chez qui un regain de motivation et une amélioration de l’humeur ont été observés. Les bienfaits s’étendent aussi du côté des équipes soignantes et thérapeutiques qui ont vu d’un bon œil la diversification de la prise en charge. Ce projet pilote a désormais été pérennisé et d'autres thérapeutes sont en cours de formation.
« Jam accélère l’entrée dans les soins et le processus de changement »
Au sein du Département de psychiatrie, les initiatives fleurissent. Le Service universitaire de psychiatrie de l’âge avancé (SUPAA) pratique par exemple l’équithérapie, avec les chevaux de la ferme de Cery, à proximité de l’hôpital.
Au Centre vaudois anorexie boulimie (abC), situé sur le site des Établissements hospitalier du Nord vaudois (eHnv) à Saint-Loup, on peut désormais croiser Jam, chien de thérapie accrédité en novembre dernier. Ce golden retriever âgé de 2 ans et demi accompagne plusieurs fois par semaine sa propriétaire Mélanie Lanz, psychologue adjointe à l’abC. La thérapie assistée par animal en psychiatrie, et plus particulièrement dans le domaine des troubles du comportement alimentaire, est novatrice. « Avec l’anorexie et la boulimie, nous sommes face à des situations des plus complexes, et nous nous trouvons parfois dans l’impasse. Nous avions besoin d’un outil différent pour nous rapprocher des patientes et des patients, chez qui le besoin de contrôle est fort », explique la psychologue.
Jam arpente depuis peu les couloirs du centre, mais il apporte déjà beaucoup, se réjouit Mélanie Lanz. « C’est un vrai catalyseur. Il accélère l’entrée dans les soins et le processus de changement. » Grâce à la sensibilité et à la présence bienveillante de l’animal, certains patients et certaines patientes parviennent à exprimer leur ressenti. Jam participe aux groupes de relaxation, de mouvement ou encore aux séances de psychothérapie individuelle, apportant du réconfort dans des moments difficiles. Il encourage aussi des patientes et patients physiquement affaiblis à sortir au grand air pour des balades. Les premiers effets observés sont jugés très positifs par les équipes et sont peu à peu documentés à des fins scientifiques.
Au sein du Département de psychiatrie, d’autres professionnels et professionnelles se forment en thérapie assistée par animal et accompagnent leur animal dans leur propre cursus de formation en vue de leur certification. Au Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (SUPEA), enfants et adolescents pourront ainsi prochainement bénéficier de ce type de thérapies.
Un projet pilote de TAA est aussi en cours au Service de pédiatrie (Département femme-mère-enfant) ; il implique des chiens rendant visite aux patients et patientes hospitalisés dans leur chambre.