L’arthrose est la maladie articulaire la plus fréquente. Elle implique notamment la détérioration progressive du cartilage articulaire et provoque des douleurs ainsi que des pertes de mobilité. Dans les cas d’arthrose les plus importants où les surfaces cartilagineuses sont percées, les os frottent les uns contre les autres. Chez les seniors, 90% des personnes de plus de 65 ans souffrent d’une forme d’arthrose plus ou moins avancée. Les plus jeunes peuvent aussi souffrir de cette maladie, en particulier les personnes en surpoids ou très sportives. Les traitements dispensés ne cessent d’augmenter, surtout pour les genoux. Actuellement, il n’est pas possible de guérir de l’arthrose mais différents traitements existent pour soulager la douleur, améliorer la fonction articulaire et ralentir la progression de la maladie.
Etablir des profils de marche
La biomécanique des patient-e-s souffrant d’arthrose du genou est analysée au Swiss BioMotion Lab depuis 2014. Grâce à des caméras et de nombreux capteurs situés dans le sol ou placés sur le-la patient-e, l’équipe composée principalement de médecins, d’ingénieur-e-s et de physiothérapeutes peut mesurer les angles, les forces ainsi que de nombreux autres paramètres afin d’établir des profils de marche. La modélisation mathématique et mécanique de la marche est précieuse pour mieux comprendre l’origine et le développement de l’arthrose.
Les travaux déjà menés ont permis de lier des caractéristiques de la marche à la sévérité de la maladie ainsi qu’aux propriétés des os et des cartilages. Des études ont également démontré la possibilité de modifier ces caractéristiques dans un objectif thérapeutique.
Grâce aux nouvelles installations, il sera possible d’étendre les études à des populations plus grandes, obtenir des profils de marche plus complets et proposer de la rééducation plus ciblée et personnalisée. Autre objectif : intégrer ces possibilités à la pratique clinique courante. Il reste en effet un pas à franchir pour que les données de mouvement sortent du monde de la recherche et soient mises au profit des patient-e-s. Les nouvelles installations permettront cette avancée.
Balade au bord du Léman
« Les capacités du Swiss BioMotion Lab sont uniques, relèvent la Pre Brigitte Jolles-Haeberli et le Dr Julien Favre, qui codirigent la structure. Des équipements perfectionnés de mesure du mouvement permettent par exemple de reproduire les conditions réelles et quotidiennes de la marche. » Pour ce faire, le ou la patient-e marche sur un tapis roulant face à un immense écran faisant défiler des paysages réels : le bord du lac Léman ou encore un chemin en Lavaux. Le tapis roulant peut même s’incliner, permettant de reproduire du dénivelé. Le système peut également fournir des informations en continu afin d’aider les patient-e-s à modifier leur marche.
Par ailleurs, l’équipe de chercheuses et chercheurs a développé des algorithmes pour analyser les données ainsi récoltées dans l’objectif de faire avancer la recherche sur l’arthrose et contribuer à la mise en place d’une médecine personnalisée pour les patient-e-s. Les sets de données qui seront collectés pour de grandes populations, associés aux analyses rendues possible grâce à l’intelligence artificielle, permettront la création de modèles plus précis de la maladie et de ses traitements. « En plus de conseils de marche, les données de mouvement pourraient servir à la planification de chirurgies ou même influencer le design des prothèses, indiquent la Pre Jolles-Haeberli et le Dr Favre. Comme il est difficilement envisageable de multiplier de telles installations, le laboratoire travaille aussi au développement de méthodes plus simples qui pourraient être déployées dans des cabinets médicaux ou de physiothérapie, par exemple. »
Jusqu’à présent, le Swiss BioMotion Lab s’est concentré sur l’arthrose des membres inférieurs. Grâce aux nouvelles installations, les champs d’application pourront être élargis à l’arthrose des membres supérieurs ou encore aux lombalgies.