Ce développement représente un espoir très important d’augmenter l’efficacité de la radiothérapie, pour le plus grand bénéfice des patients. En réduisant l’irradiation à quelques millisecondes, la radiothérapie FLASH diminue considérablement les effets secondaires tout en augmentant l’efficacité sur les tumeurs.
Le programme bénéficie du soutien financier préalable de la Fondation ISREC, en partenariat avec la Fondation Biltema qui, au travers d’un don exclusif d’un montant de CHF 25,8 millions, rend possible ce projet.
L’accord tripartite couvre la collaboration pour le développement, la planification, la conformité réglementaire et la construction d'un premier appareil de radiothérapie au monde utilisant la technique FLASH avec des électrons de très haute énergie. THERYQ, qui fait partie de la division Santé d'ALCEN, produira ce dispositif unique qui utilise un accélérateur linéaire compact basé sur la technologie du CERN. Un bunker spécial sera construit au CHUV pour accueillir cette technologie.
La plateforme doit être opérationnelle d’ici deux ans. Les premiers essais cliniques sont prévus à l’horizon 2025.
Une donation préalable de 25,8 millions de francs suisses
Ce développement majeur s’inscrit dans la poursuite d’un programme innovant de transfert clinique de la radiothérapie FLASH initié en 2020 entre le CERN et le CHUV. La phase actuelle est rendue possible grâce au financement préalable de la Fondation ISREC qui a annoncé en juin 2021 soutenir ce projet à hauteur de CHF 25,8 millions grâce à un don exclusif de la Fondation Biltema. Les fondations ISREC et Biltema ont par ailleurs soutenu les phases initiales du programme FLASH par une première contribution d’un million de francs suisses.
Le CHUV pionnier de la radiothérapie FLASH
La radiothérapie est l’une des principales formes de traitement du cancer, avec la chimiothérapie, la chirurgie et l’immunothérapie. A l’heure actuelle, un tiers des cancers résistent à la radiothérapie conventionnelle. La recherche se concentre sur le développement d’une radiothérapie plus efficace et mieux tolérée par les patients.
C’est dans ce contexte que le chef du Service de radio-oncologie du CHUV, le professeur Jean Bourhis, et son équipe ont fait œuvre de pionniers de la méthode appelée FLASH, qui a donné des résultats impressionnants en pré-clinique chez l’animal. En vue du transfert clinique, un projet pilote lancé en 2020 au CHUV a vu l’installation d’un premier prototype baptisé FLASHKNiFE, fabriqué par THERYQ, qui permet de traiter en FLASH des tumeurs jusqu’à 3 cm de profondeur.
L’étape présentée aujourd’hui concrétise une avancée importante. En intégrant la technologie novatrice d’accélérateur linéaire compact développée par le CERN, l’outil FLASHDEEP produit par THERYQ utilise des faisceaux d’électrons de très haute énergie (Very High Energy Electrons – VHEE) de 100 à 200 MeV, soit 10 à 20 fois plus puissants que ceux du FLASHKNiFE. Ce surplus de puissance permettra de traiter en FLASH tous types de cancers jusqu’à une profondeur de 20 cm.
Le CERN : de la recherche fondamentale aux technologies de pointe
Le CERN a relevé le défi de produire une dose élevée d'électrons de très haute énergie en moins de 100 millisecondes, nécessaire à la radiothérapie FLASH, en concevant un accélérateur unique basé sur la technologie CLIC (Compact Linear Collider). Il accélérera les électrons pour traiter des tumeurs jusqu'à 20 cm de profondeur et sera suffisamment compact pour être intégré dans un campus hospitalier typique.
Cette technologie VHEE FLASH présente plusieurs avantages. Les électrons chargés à haute énergie peuvent être concentrés et orientés d’une manière quasi impossible pour les rayons X, et les appareils de radiothérapie basés sur la technologie des accélérateurs d'électrons du CERN seront nettement plus compacts et moins coûteux que les installations actuelles de thérapie à base de protons.
THERYQ, un leader des dispositifs médicaux dédiés à la radiothérapie FLASH
THERYQ, un spinoff de PMB-ALCEN, est une société de technologie médicale innovante spécialisée dans la conception et la production de machines de radiothérapie intégrant des accélérateurs linéaires. Des premières études en 2013 sur l'effet FLASH au premier patient atteint d'un cancer de la peau traité avec succès en 2019, THERYQ a soutenu le développement de la thérapie FLASH, en particulier grâce à un partenariat de longue date avec le CHUV. La société a développé FLASHKNiFE, pour la radiothérapie FLASH externe ou intrapératoire (10 MeV), traitant les tumeurs superficielles ou peu profondes (jusqu'à 3 cm).
THERYQ produira FLASHDEEP, conçu en collaboration avec le CHUV et le CERN, premier dispositif capable de traiter tout type de tumeur solide, jusqu'à une profondeur de 20 cm, en utilisant la technologie VHEE FLASH. Cet appareil a le potentiel d'étendre l'utilisation de la radiothérapie en oncologie et de permettre de nouveaux traitements pour les patients atteints de cancer, tout en diminuant le coût des traitements.
Après avoir livré la première unité au CHUV, THERYQ inclura FLASHDEEP dans sa gamme de produits.
Mme Rebecca Ruiz, conseillère d'Etat en charge du Département de la santé et de l'action sociale, Canton de Vaud, a déclaré: « Le Canton de Vaud a choisi de faire de la recherche en oncologie un axe fort en 2015 déjà et a investi plus de 172 millions en 7 ans dans ce domaine. L’accord signé ce jour s’inscrit parfaitement dans cette volonté de placer Lausanne comme centre d’excellence et d’innovation scientifique et clinique sur la scène internationale, mais aussi de permettre ainsi aux Vaudoises et Vaudois de bénéficier de traitements novateurs. »
Le Pr. Philippe Eckert, directeur général du CHUV, a déclaré : « En tant qu’hôpital universitaire, le CHUV s’investit pleinement dans la recherche. La Flash thérapie incarne l’esprit d’innovation qui nous anime dans ce domaine. Désireux d’offrir les techniques les plus performantes au patient, nous nous sommes associés à un centre de recherche d’envergure mondiale et un partenaire industriel à la pointe du progrès pour résoudre une problématique médicale, physique et technique et trouver des solutions novatrices de lutte contre le cancer. »
Le Pr. Jean Bourhis, chef du Service de radio-oncologie du CHUV, a déclaré :« La technologie FLASH représente un véritable espoir pour augmenter le potentiel de guérison des cancers à l’aide de la radiothérapie, et l’étape actuelle va permettre de réaliser des premiers développements cliniques cruciaux dans ce domaine. »
Mike Lamont, directeur du CERN pour les accélérateurs et la technologie, a déclaré : « Le transfert de connaissances fait partie de la mission du CERN. Ainsi, nous nous efforçons de trouver des applications pour nos avancées technologiques en dehors du domaine de la physique des particules et au profit de la société dans son ensemble. Cette collaboration est la preuve que le CERN, avec ses technologies et son savoir-faire, associé à des experts dans d'autres domaines au travers de partenariats solides, peut avoir un véritable impact. »
Walter Wuensch, chef de projet au CERN, a déclaré : « Une installation clinique FLASH a été mise au point pour traiter des tumeurs volumineuses et profondes à l'aide d'électrons de haute énergie. L'installation est basée sur la technologie des accélérateurs développée pour le CLIC (Compact Linear Collider) afin de créer une installation compacte et performante qui peut facilement s'intégrer dans un campus hospitalier typique. »
Ludovic Le Meunier, CEO de THERYQ, a déclaré :« THERYQ est fière, aux côtés du CHUV et du CERN, d’apporter son expérience et son agilité au service d’un projet qui marquera l’histoire de la lutte contre le cancer. FLASHDEEP représente une révolution thérapeutique, avec le potentiel d'augmenter considérablement le nombre de patients vivant plus longtemps et sans cancer. »
Le Pr. Pierre-Marie Glauser, président de la Fondation ISREC, a déclaré : « La Fondation ISREC est heureuse de contribuer au développement de la technologie FLASH, et ce depuis 2016 déjà. Ce projet innovant et interdisciplinaire réunissant en étroite collaboration des biologistes, des physiciens et des médecins s’inscrit parfaitement dans les objectifs de soutien à la recherche en oncologie translationnelle de la Fondation. Nous nous réjouissons aujourd’hui de voir se réaliser cette étape décisive qui mènera le programme FLASH jusqu’à un niveau d’efficacité et d’implémentation inédit. »