Communiqué de presse
Lausanne, 9 octobre 2023

Comprendre les trajectoires des professionnel·les de la santé pour éviter qu’ils ne quittent le métier

Un projet national mené par Unisanté, l’Institut et la Haute Ecole de la Santé La Source et le CHUV étudie les parcours d’une cohorte de professionnel·les de la santé en Suisse afin d’identifier les facteurs, motivations ou freins associés à la décision de rester dans leur profession. Les premiers résultats sont disponibles.

Assurer la relève du personnel de santé et maintenir dans la profession le personnel qui est en poste et en formation sont des défis majeurs du système de santé suisse. Pour comprendre les parcours des professionnel·les de la santé et identifier les facteurs qui facilitent ou au contraire compromettent leur pratique, Unisanté, l’Institut et Haute Ecole de la Santé La Source – HES-SO et le CHUV ont lancé en 2022 une cohorte nationale de professionnel·les de santé appelée SCOHPICA (Swiss COhort of Health Professionals and Informal CAregivers). L'objectif est de récolter des données auprès des professionnel·les de la santé (et des proches aidant·es dès 2024) afin d’aider les différents acteurs de la santé dans la planification, le suivi et la gestion du personnel ainsi que dans l'élaboration de politiques publiques et managériales visant à garantir des conditions de travail optimales.

A ce jour, le projet SCOHPICA est financé notamment par l'Académie des Sciences Médicales, l'Office fédéral de la santé publique, l'Observatoire suisse de la santé, Unisanté et l'Institut et la Haute Ecole de la Santé La Source. Il bénéficie également du soutien d'un panel d'accompagnement comprenant des représentants d'institutions publiques et d'associations professionnelles ainsi que d’un groupe d’expert·es scientifiques nationaux et internationaux.

Premiers résultats : importance des conditions de travail et décalage avec la formation initiale
La première collecte de données auprès des professionnel·les de la santé de toute la Suisse a eu lieu entre le 1er octobre 2022 et le 31 janvier 2023 et a totalisé près de 1700 réponses provenant des trois régions linguistiques de Suisse. Une trentaine de professions différentes sont représentées. Environ 40% des participant·es travaillent à l’hôpital (33% dans le public et 10% dans le privé), les autres lieux de pratique les plus représentés étant les cabinets de groupe (15%), les cabinets individuels ou à deux (13%), les institutions de soins à domicile (12%), les établissements médico-sociaux (9%) et les pharmacies (7%).

Parmi les professionel·les interrogé·es, 13% pensent qu’ils ne resteraient pas dans leur profession ces prochains mois si les conditions de travail devaient rester les mêmes. Ce pourcentage, légèrement plus faible dans le secteur privé (11%), monte à 18.5% chez les professionnel·les ayant entre 5 et 10 ans d’ancienneté. De plus, un quart des sondé-es estiment ne pas utiliser toute l’étendue de leur pratique et 16.5% estiment ne pas avoir été bien préparé·es à la réalité de la profession. Ce sentiment est encore plus fort chez les jeunes diplômé·es, chez les médecins (23.7%) et les pharmaciens (29.2%).

Concernant le bien-être, plus de 80% des professionnel·les expriment un niveau de bien-être satisfaisant à très satisfaisant. 11% des professionnel·les estiment ressentir en permanence des symptômes d’épuisement voire se disent complètement épuisés. Ce pourcentage monte jusqu’à 12.5% pour les personnes ayant entre 5 et 10 ans d’ancienneté.

Les principaux points d’insatisfaction sont liés à la charge de travail, aux ressources à dispositions, à la capacité de pouvoir influencer la façon de travailler, aux horaires ainsi qu’à l’équilibre vie privée – vie professionnelle. Les principaux points de satisfaction relevés concernent les possibilités de développement, la cohésion des équipes et le fait d’exercer un travail qui fait sens.

La récolte de données continue
Ces premiers résultats montrent la nécessité de mieux comprendre la réalité du terrain en vue de maintenir les professionel·les de santé dans l’exercice de leur profession. La récolte de données continue en vue d’obtenir des résultats plus détaillés et représentatifs de la situation en Suisse. Pour ce faire, les professionel·les de santé sont invités à participer au projet SCOHPICA. Toutes les informations sur trouvent sur le site www.scohpica.ch

Contacts pour la presse
CHUV : Docteure Ingrid Gilles
Unisanté : Professeure Isabelle Peytremann-Bridevaux
L'Institut et la Haute Ecole de la Santé La Source : Professeure Annie Oulevey Bachmann

Unisanté et La Haute Ecole de la Santé La Source en bref

Unisanté est un centre universitaire de médecine générale et santé publique qui couvre l’ensemble de la chaîne de soins : les soins de première ligne, les soins aux populations vulnérables, la médecine du travail, la promotion de la santé et la prévention, l’organisation du système de santé, ainsi que la recherche et l’enseignement universitaire. Son but est de maintenir et d’améliorer la santé de la population vaudoise.

La Haute École de la Santé La Source, membre de la Haute École de Suisse Occidentale (HES-SO) assure la formation professionnelle des infirmières et des infirmiers HES au niveau Bachelor ainsi que des formations continues et postgrades dans le domaine socio-sanitaire. Elle conduit des programmes de recherche contribuant à l’efficience des soins et à leur évolution dans une société en mutation et offre des prestations de service individualisées.

Le CHUV en bref

Le CHUV est l’un des cinq centres hospitaliers universitaires suisses, aux côtés des hôpitaux de Genève, Berne, Bâle et Zurich. Il poursuit trois missions de base confiées par les pouvoirs publics: les soins, la formation et la recherche.

En 2023, grâce à ses 12'675 collaborateurs-trices, le CHUV a accueilli 53'964 patient-e-s hospitalisé-e-s. Le CHUV a traité 79'545 urgences en 2023 et accueilli plus 3'154 naissances. Son budget annuel est de près de 1.9 milliard de francs.

Afin d’assurer la formation des médecins, le CHUV est étroitement lié à la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne. Il collabore également avec les autres institutions universitaires lémaniques (EPFL, ISREC, Institut Ludwig, Université de Genève), les Hôpitaux universitaires de Genève, ainsi qu’avec d’autres hôpitaux, établissements de soins ou institutions, telles la Fédération des hôpitaux vaudois et la Société vaudoise de médecine.

Depuis 2019, le CHUV figure dans le classement des meilleurs hôpitaux du monde, selon le magazine Newsweek.