Printemps de la Poésie - "Un jour, un poème"
Le Printemps de la Poésie
Le vent souffle si fort qu’il ne peut qu’être mauvais. Un vélomoteur à trois
roues descend la rue à contresens, je m’attends au pire. Il est parfois difficile
de distinguer un paresseux somnambule d’un travailleur endormi, me dis-je,
un standardiste de façade au bout du fil. Je suis fatiguée de vouloir déchiffrer
tous les signes – quelque chose va forcément arriver quelque part, les chances
sont minces que je sois là au bon moment pour m’en apercevoir. Comment
faire. J’ai un point sur le côté. Mon père est tombé de sa chaise. L’enfant
respire fort, mais irrégulièrement. Il parle. Son sommeil se mélange à une
autre vie. La chaise vide s’est multipliée, deux chaises obstruent désormais
l’entrée de l’appartement. Je n’y vois rien, la nuit insurmontable laisse des
hématomes sur mes tibias, les chaises sont en réalité trois et mon scepticisme
aussi autodidacte que vain. Pour chasser les bras qui m’en tombent je pense
à un hérisson qui fait sa toilette, à des pandas roux qui jouent dans la neige
ou à des bébés joufflus riant aux éclats. Vidéos à l’appui. Ça ne marche pas.
Et pourtant, il existe une montre qui sait tout faire.
JULIA SØRENSEN
Le Printemps de la poésie a pour vocation de célébrer la poésie sous toutes ses formes d’expression. Chaque année, à l’arrivée du printemps, des manifestations poétiques sont organisées à travers les villes afin de faire découvrir la poésie au plus large public.
Le projet « Poésie à l'hôpital » est un événement développé depuis 2015 sur l'initiative de Julie Delaloye, médecin et poète, qui a pour but de faire entrer la poésie dans les hôpitaux de Suisse romande.
L’Ours Blanc est une revue littéraire qui publie des textes brefs et singuliers, en leur consacrant un numéro entier. Cette volonté d’ouverture témoigne de l’envie d’aborder le champ littéraire comme un espace dont les limites n’ont rien de définitif ni de contraignant.